lundi 13 novembre 2023

Le surintendant des fortifications et autres levées.

 

Une autre conception de l'état.






Maximilien doit se tourner dans son tombeau, ce bon royaume de France va à Volo depuis qu'il a fermé les yeux. Lui qui avait laissé à son pays les promesses d'un magnifique réseau de digues et de levées. Oh, bien sûr, rien n'était simple, à l'époque pas plus qu'aujourd'hui, et Maximilien avait pensé la construction mais aussi l'entretien. Il y avait un service des turcies et des levées. Une vérification annuelle de ces constructions essentielles au pays d'alors.


Depuis, les choses ont bien changé. La révolution avait renvoyé ces obligations de nature féodale mais, nécessité oblige, un service des ponts et chaussées vit le jour et poursuivit à la fois l'œuvre de construction comme la tâche obscure de l'entretien.


Notre société qui dénigre rien plus que le fonctionnaire inutile (ce pléonasme pour les tenants de la civilisation du profit) a vite tiré un trait sur les petits hommes en orange. Le travail obscur d'entretien ne rapporte guère et ne permet pas de financer les campagnes électorales.


Le délire de nos gouvernants préfère les travaux pharaoniques. Il faut faire du neuf, ouvrir de grands chantiers, engager des projets considérables qui permettront à messieurs Bouygues, Colas, Eurovia et consorts de briller au firmament de l'économie.


On lance des appels d'offres, on doit se régaler de quelques dessous de table qui bâtissent des amitiés et des carrières. On communique à loisir sur cet aménagement du territoire, sur la création d'infrastructures modernes et efficaces.


Je ne veux pas remettre en cause ce travail de romain et Rome ne s'est pas faite en un jour. Mais à l'époque on n'abandonnait pas l'acquis pour ne se préoccuper que du « à bâtir ». L'utilisateur de deux roues que je suis depuis toujours peut témoigner de la lente et inexorable dégradation des routes et des rues secondaires. Elles sont devenues des gruyères effrayants, glissants, instables et surtout dangereux.


Les collectivités locales se voient refiler les bébés les plus coûteux. Dans ma région, les levées de Loire, les déversoirs, les déchargeoirs ! Ce dernier ouvrage a sans doute inspiré l'état qui a appliqué à la lettre cette recommandation. Dans le même temps, l'érosion, la modification du lit, les ragondins font conjointement œuvre malveillante.


Lorsque la crue centennale pointera le bout de son nez malsain, les mêmes causes provoqueront les mêmes effets désastreux. Des milliers d'habitations construites en zone inondable pour satisfaire l'appétit de quelques amis, seront submergées à leur tour. Il y aura encore le bal des hélicoptères de nos dignitaires, de l'émotion et des belles paroles. Puis, l'annonce d'un plan de grande envergure, des fonds débloqués, quelques grands travaux et puis, plus rien...


Le service après vente dans ce genre de travaux, pardon pour ce gros mot, cette erreur historique, cette aberration économique, se nomme, à que c'est dur à entendre : « Service public de l'état ! ». Il se charge de l'entretien régulier, empêche que le poids des années pèse par trop sur ce qui fut si chèrement payé.


Nul ne viendra défendre cette vison passéiste et onéreuse ou bien alors quelques utopistes notoires, des gauchistes irresponsables, des souverainistes dépassés. Tous ces citoyens rétrogrades qui refusent les évidences de la modernité, cette course effrénée qui finira, elle aussi par nous submerger !


Laissons passer l'émotion, ayons une pensée émue pour les victimes, reprenons cette marche en avant. Ne changeons rien, tout va bien et je vous prie de m'excuser pour cette mauvaise foi absolument pas constructive !




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