samedi 15 mai 2021

La folie piscicole …

 

Une sirène prénommée Armelle.





Armelle aime l'art qui ne tourne pas en queue de poisson. À l'approche d'un pinceau, elle frétille, mord à l'hameçon de chaque mot ou expression qui lui donne à penser en images par le prisme du poisson. Elle a dû être sirène dans une autre vie pour porter ce regard si aimant sur nos amis des rivières et des eaux profondes.


Elle ne se contente pas d'illustrer un propos ; elle se joue des formes et des couleurs, pratique un art à l'image de la musique d'Éric Satie en tentant l'incroyable pari de donner à sourire tout en ouvrant des portes. Son imaginaire drolatique n'est pas dénué de réflexion ; l'œil de poisson n'est qu'un prisme pour évoquer la société des humains : ces curieux personnages toujours entre deux eaux !


Armelle nous prend dans ses filets. Les tableaux se succèdent et nous conduisent à regarder autrement. L'émotion et l'humour, la fantaisie et l'inventivité alternent dans ces dessins tour à tour sérieux, légers, impertinents ou décalés. Elle a trouvé dans son travail sur les poissons, comme elle le reconnaît elle-même, un dérivatif pour évacuer sans doute un mal sournois qui l'a frappée.


Qu'elle dessine des poisson n'est pas innocent, elle qui, sur terre, avance désormais à grand peine. Elle a sans doute trouvé dans cette production les chemins de sa rééducation, la voie d'un retour à ce qu'elle avait été, avant ce maudit mal sournois. Elle me dit y avoir découvert un plaisir qui lui a redonné force et énergie. Ce bonheur, nous le partageons en regardant ses dessins réalisés au crayon noir encré puis colorés au feutre « graphic » à deux bouts : plumes et feutre.


Nous allons prendre un masque et un tuba, mettre nos palmes et plonger à sa rencontre. Ne sachant qu'écrire, je vous propose d'accompagner chaque dessin de ma sélection subjective d'un petit commentaire. Vous pouvez vous en dispenser : les dessins se suffisent à eux-mêmes. Bon voyage dans l'univers aqueux de dame Armelle …


The lavomatique fish

 




Sous les paillettes, l'individu se met nu. Quand il faut laver son linge sale, il ne reste plus grand chose de ce pauvre pantin qui se retrouve alors sans ses oripeaux. Quelle déchéance, quel désespoir !Il n'est plus temps de faire illusion. La réalité s'impose et vous laisse si fragile !


Poissons bulles


Image inquiétante d'un envahissement dont on peut se demander s'il n'est pas porteur de produits toxiques. L'eau si précieuse est souillée, les poissons en sont les premières victimes. Celui qui apparaît ici, est-il porteur d'herpès ou bien de chancres purulents ? N'est-il lui-même que les mousses affreuses qui envahissent nos rivières ?


Miss Sardine 




Le règne des apparences touche les poissons eux-mêmes. Il faut se montrer, se mettre en avant pour attirer l'attention. La demoiselle se grime ; elle hérite de la couronne alors qu'elle ne va pas tarder à sombrer dans l'horreur de la boîte qui va la dévorer quand le rideau tombera …

 


Les petits poissons écossais.




Sont-ils mignons, grotesques ou bien terriblement inquiétants ? Si l'habit ne fait pas le moine, le carreau ne fait pas non plus l'écossais. Je devine ici des torpilles, des engins de mort et c'est le pauvre pêcheur qui doit se tenir à carreau !


Le vase du poisson


Qui va commettre la folie de casser le vase du poisson ? Il est évident que cette langue tirée s'apprête à commettre l'irréparable pour rentrer dans la légende. Clovis ne va pas tarder à rentrer en Seine …


Le trapéziste


Les poissons volants font le spectacle. Ils font le spectacle dans un cirque vide. Spectateurs et artistes seraient-ils tous embarqués dans la même barque ? L'inquiétude s'impose alors ; la vie ne tient qu'à un fil. Il ne faudrait pas pousser le bouchon trop loin.


Le saut de la baleine


Gracile, la baleine est une ballerine. Elle vole au-dessus des contingences, se libère de la pesanteur. Pourtant, la menace pèse, le retour à la réalité sera terrible : un pauvre seau, un espace étroit : celui d'une planète qui ne laisse plus de place aux grands cétacés.


Comme des sardines


Elles sont passées à la moulinette, broyées, écrasées, figées pour l'éternité. Des larmes de sang deviennent des fleurs : celles qui iront fleurir le tombeau de la diversité marine. À moins que des êtres monocellulaires ne reprennent à leur tour le cycle de la vie !




Choisissez votre parfum


J'en rougis de confusion. La vilaine Armelle me pousse à croire que ces poissons sont d'autres queues : de celles qu'il faut désormais protéger par une carapace en latex. J'aimerais me tromper mais un petit symbole, jeté là pas si innocemment que ça, renforce l'illusion.


Champs de mines pour la liberté d'expression


Dessin prémonitoire, réalisé bien avant les tristes évènements récents, il fait écho à la force d'expression du dessin. Je ne peux qu'ajouter mon grain de sel par quelques mots gravés grâce à des lettres de plomb. La culture est une arme contre la barbarie.


Au fil de l'eau

 



La délicatesse d'Armelle la pousse à nous faire croire que tout ceci n'est qu'une farce, un ballon de baudruche qui va se dégonfler ou bien percer. Elle place son personnage sur notre Loire ; le Girouet est un clin d'œil et je l'en remercie.


J'espère que vous avez fait un tout autre voyage que le mien. Laissez-vous, à votre tour, transporter dans son univers . Armelle est une art-thérapeute qui montre par son travail toute sa sensibilité. N'hésitez pas à la contacter ou à exposer ses œuvres.


Piscicolement sien.

 


 Retrouvez ses œuvres ici

2 commentaires:

  1. Magnifiques images d'Amélie, avec de jolis récits de Nabum, cela ensoleille ma journée. Merci à vous 2.

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