lundi 28 janvier 2019

Georges de Lissac-Mouret

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De la carrière à la mine.





    Georges est l'un des fils d'Arthur, grand blessé de l'affreuse guerre de 1914-1918, gazé et touché à un poumon par des éclats d'obus. L'homme est affaibli et impose à son fils de quitter l'école avant l'année du certificat d'études pour garder le petit troupeau familial. De ce rendez-vous manqué avec le savoir scolaire, Georges gardera une plaie ouverte.

    Il a tout juste quitté son troupeau pour laisser la place à son petit frère Éloi. Sa vie va basculer pour une grenade jetée par un maquisard sur un détachement de la division "Das Reich", de sinistre mémoire. Les exactions de cette horde de bêtes sauvages ne se comptent plus. Sur leur  passage, ils sèment la haine, la peur et la mort. Plus loin, il atteindront l'innommable à Oradour sur Glane.

    Georges a juste dix-sept ans, il est pris en otage pour venger la mort d'un commandant puis déporté en Silésie, près de Dresden. Il travaille dans des conditions épouvantables auprès des prisonniers russes qui connaissent sort plus horrible encore. L'Allemagne est au bout du rouleau, les mineurs sont gardés par des vétérans de 14 ans, leurs vieux Lebel en bandoulière.

    La journée de travail est de douze heures. Un seul repas, un mélange infâme, un gruau de blé tendre et de pommes de terre constitue la pitance journalière. Les Russes sont moins bien nourris encore mais il est interdit de communiquer avec eux.

    Quand l'armée Rouge arrive pour libérer les prisonniers, Georges est de nouveau confronté à cette division" Das Reich" qu'il ne pensait plus jamais revoir. Acculés, les loups sont encore plus dangereux, les soldats refusent de se rendre et utilisent les prisonniers comme boucliers humains. Le propre des lâches c'est qu'ils sont prêts à tout pour sauver leur peau !

    Il faudra l'intervention conjointe des parachutistes et des blindés soviétiques en tenaille pour ramener à la raison ceux qui depuis longtemps ont perdu le statut d'humain. Georges a échappé à l'enfer, il lui faut maintenant rentrer au pays.

    Avec dix compagnons d'infortune, ils réquisitionnent six chevaux allemands et trois carrioles, puisent dans l'intendance teutonne abandonnée dans la débâcle pour se lancer à pied à la recherche des lignes américaines. Ils seront guidés par des Tchèques francophones et francophiles qui les conduiront jusqu'à Nuremberg.

    C'est là qu'ils prendront un train pour gagner Strasbourg. La France les accueille avec son souci éternel de planification administrative. Pour aller au-delà, il faut des papiers en règle et les prédécesseurs d'Éric Besson accordent aux rescapés le statut de déporté- otage.

    Quinze jours après sa libération, Georges est revenu à son point de départ. Son chien est le premier à le reconnaître, sa mère en entendant hurler l'animal est persuadée que l'on vient lui annoncer la mort de son fils.

    De cet épisode douloureux de son existence, Georges va fonder la morale de son parcours ultérieur. Quand il se plaint de nos gouvernants d'aujourd'hui, de ces êtres pour qui seul l'argent est la reine des valeurs, il ne peut qu'être en colère. Les brigands d'hier et d'aujourd'hui sont pour lui toujours les mêmes.

    Nous verrons par la suite comment cet homme de cœur a poursuivi sa vie. Il ne fut pas épargné par les coups durs mais jamais il ne dérogera à ses convictions puisées au plus profond de la détresse humaine.


    Historiquement vôtre.

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