samedi 13 octobre 2018

Chouzé, un village marinier



Des maisons au bord de l'eau.



Il y a parfois des découvertes qui vous laissent un souvenir impérissable. Ce fut le cas de ma rencontre avec le port de Chouzé, un lieu préservé de la folie des hommes, celle qui a voulu que dans nos villes de Loire, on glissa le plus souvent une route entre la rivière et les gens. Ici, point de tout ça ; des maisons marinières en tuffeau en front de rivière, des pavés disjoints et le quai. Quand on arrive par les eaux, c'est encore plus beau, c'est alors le sentiment étrange de remonter le temps !

Hélas, il y a quelques inévitables automobiles qui battent le pavé pour venir se garer, l'automobiliste est né sans jambe et rien ne lui plaît davantage que de saccager un décor de rêve. Ce serait si simple d'en faire un lieu totalement préservé, un sanctuaire à la gloire de notre histoire. Ce serait magnifique pour cet aimable petit musée de la marine de Loire. Comme partout, il y a d'ailleurs les traces des crues centennales mais cette fois, on remonte à celle de 1768, la mémoire va au-delà des habituelles années du XIX° siècle.

C'est là qu'un petit collectif de passionnés a organisé les premières rencontres ligériennes de Chouzé. Deux jours avant Noël, le pari était osé, les dieux celtes ont exhaussé nos intrépides car belle et sympathique fut leur fête. Oh, bien sûr, rien de très spectaculaire, ni monstres perchés sur des échasses, ni spectacle pyrotechnique, ni sonorisation tonitruante, ni vedette internationale. La simplicité existe encore sur les bords de notre Loire, je l'ai rencontré en ce doux pays entre Touraine et Anjou.

Je venais ici, avec mon bâton de parole tenter de dire quelques bonimenteries si les gens avaient la patience de les écouter. Une salle d'exposition n'est pas le lieu idéal pour arrêter le flâneur par la supposée magie du verbe. J'ai dû user d'un nouveau stratagème pour prendre dans mes rets des visiteurs pris au piège de l'enfance. Cette fois ce fut la conférence détournée, le propos savant qui dérape vers la fable, la perte de contrôle entre la vraie histoire et la légende qu'on construit de toute pièce.

Les spectateurs se sont pris au jeu et je les en remercie. Il n'est pas besoin de mise en scène complexe pour franchir les portes du mystère. La rivière se prête à merveille à ce dérapage incontrôlé, ce petit pas de côté qui vous fait quitter la raison pour entrer au pays de Merlin et Morgane, de la lumière et des eaux qui se mêlent. Il faut la Loire pour le croire !

Tout ceci a eu lieu grâce à la volonté farouche de quelques amoureux de notre rivière sauvage. Les bateaux, toutes voiles dehors ont apporté cette magie qui abolissait le temps. Nous étions vraiment aux temps glorieux de notre passion batelière. Les mots n'avaient qu'à se glisser dans les interstices de ce ciel de solstice …

Et quand vint l'heure de se séparer à regret, le ciel se fit décor somptueux. Il se para de toutes les nuances du rouge pour embrasser les eaux et se faire tableau incandescent. Chacun alors de précipiter pour prendre un cliché magnifique. Il n'y avait sur ce quai que des esthètes et des jouisseurs du simple plaisir de la contemplation.

C'est avec ce clape de fin sans pareil que nous nous séparâmes. Chacun s'en retournant vers son port d'attache en se jurant de revenir ici pour que se prolonge cette belle initiative. Michèle pouvait souffler, son pari était réussi. Elle avait eu le soutien des Dieux du ciel et des lumières de Loire.

Nous reviendrons à Chouzé. Fasse que ce modeste billet vous donne envie également de porter vos pas vers ce lieu en dehors du temps. Vous y trouverez j'en suis certain le plus beau des accueils. La Martinienne vous attend pour une sortie en Loire en compagnie des amoureux de notre belle rivière. 

Ligériennement vôtre.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

À quoi rêvent les bateaux qui restent à quai ?

  Partir À quoi rêvent les bateaux qui restent à quai ? Ces éternels prisonniers de leurs entraves Ils ont pour seules v...