dimanche 1 octobre 2017

Le Bonimenteur au falot



La fable de toutes les fables.



Il était une fois un Ligérien qui, de par la rivière, allait son chemin en quémandant histoires et récits, témoignages et anecdotes. Il faisait son miel des aventures marinières, de l'histoire et des légendes qui parsèment notre Loire. Ne reculant devant aucune menterie, il brodait autour de quelques vérités qui finissaient immanquablement par devenir des mensonges à sa façon.

Il se fit, tour à tour, compagnon de Merlin, barde gaulois, ermite de la grotte Béraire, jeune mousse partant à l'aventure, marin revenant de l'enfer, historien approximatif ou tourneur de phrases alambiquées. Il cheminait d'un pas tranquille en suivant les rives, passant de l'une à l'autre pour humer l'air du temps et l'esprit de l'eau.

Le falot fut son blason, non pas qu'il en eût à ses armes ; il était bien trop maladroit pour disposer d'un bateau : l'expérience avait tourné au fiasco et failli virer au drame ! Non, tous les bateaux seraient les siens pourvu qu'il n'y fût que passager bavard et équipier qui ne fît aucun nœud. Le falot éclairait son chemin d’une flamme vacillante qui lui convenait bien 





Il se contenta d'un bateau de mots transportant quelques barriques de musique. Là encore, il ne connaissait guère la chanson, se contentant d'en écrire quelques paroles en suivant l'aiguille d'une boussole qui avait perdu le nord. Les vers de ce manant aux pieds nus ne pouvaient qu'être bancals. Qu'importe, puisqu'il fit de son double : un certain Nabum, un personnage de foire, le bouffon des cales, des tavernes et du pierré.

Ses écrits allaient au vent ou bien se laissaient glisser sur la rivière. Allant vers l'amont ou descendant vers l'aval, ils touchaient quelques oreilles. La vague lui fit bon accueil et d'autres surfeurs, ailleurs de par le monde, aimèrent à leur tour, la Loire et ses Ligériens. Vaste ambition qui n'était pas que la sienne, mais celle, partagée, d'une joyeuse bande de farfadets et de coquins, amateurs, avant tout, de vins de Loire et de bonne ripaille.

Arrière-petit-neveu de Rabelais, il descendait de la cuisse gauche de Galifon, le cousin germain de Gargantua. La farce était son domaine, le rêve son pays. Il fit tant et si bien qu'une oie vint voleter autour de lui et le pria de lui prendre quelques plumes afin de coucher ses délires sur un parchemin relié. Les Boniments du falot allaient naître de l'union improbable de la déraison et de sa passion Loire


Il allait avoir son double gravé sur le marbre. Une manière un peu prématurée, sans doute, d'entrer dans l'autre monde par une petite porte dérobée. Il y alla à reculons, doutant qu'on puisse perdre son temps à lire ses sornettes. C'est Méphistophélès en personne qui le reçut de l'autre côté du Styx. Il y avait belle lurette que Saint Nicolas, Saint Clément et Sainte Catherine ne voulaient plus entendre parler de ce diable de mécréant !

Un capitaine, autrefois l'avait poussé à raconter ses histoires ; leur aventure avait tourné court comme bien souvent sur la Loire. Certes, le risque est grand d'un nouveau naufrage et nous pouvons douter que nos deux lurons soient couverts par la moindre assurance. Je sais le cliché éculé ; il faut bien savoir se jeter à l'eau quand on est Ligérien de naissance …

Les Bonimenteries sont sans doute le mariage improbable de la carpe et du garenne, de la Loire et de l'Histoire, du récit et du mensonge. Si vous souhaitez participer à cette aventure, sachez que le risque est grand de n'y rien comprendre, de vous noyer sous le flot de mots tordus et abscons, tout droits sortis d'un muid ou plus sûrement d'un foudre mis en perce par temps d'orage. Vous aurez été prévenus ; faites ce que bon vous semble mais, si d'aventure vous tentez, à vos risques et périls, la lecture des contes sur ce blobg, n'oubliez pas-précaution indispensable : votre survie est à ce prix - de vous munir, de deux ou trois pichets d'un bon petit vin de chez nous ! C'est la plus sûre manière de supporter la redoutable épreuve.

Avertissement vôtre.




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