La
fable de toutes les fables.
Il était une fois un
Ligérien qui, de par la rivière, allait son chemin en quémandant
histoires et récits, témoignages et anecdotes. Il faisait son miel
des aventures marinières, de l'histoire et des légendes qui
parsèment notre Loire. Ne reculant devant aucune menterie, il
brodait autour de quelques vérités qui finissaient immanquablement
par devenir des mensonges à sa façon.
Il se fit, tour à tour,
compagnon de Merlin, barde gaulois, ermite de la grotte Béraire,
jeune mousse partant à l'aventure, marin revenant de l'enfer,
historien approximatif ou tourneur de phrases alambiquées. Il
cheminait d'un pas tranquille en suivant les rives, passant de l'une
à l'autre pour humer l'air du temps et l'esprit de l'eau.
Le falot fut son blason,
non pas qu'il en eût à ses armes ; il était bien trop
maladroit pour disposer d'un bateau : l'expérience avait tourné
au fiasco et failli virer au drame ! Non, tous les bateaux seraient
les siens pourvu qu'il n'y fût que passager bavard et équipier qui
ne fît aucun nœud. Le falot éclairait son chemin d’une flamme
vacillante qui lui convenait bien
Il se contenta d'un bateau
de mots transportant quelques barriques de musique. Là encore, il ne
connaissait guère la chanson, se contentant d'en écrire quelques
paroles en suivant l'aiguille d'une boussole qui avait perdu le nord.
Les vers de ce manant aux pieds nus ne pouvaient qu'être bancals.
Qu'importe, puisqu'il fit de son double : un certain Nabum, un
personnage de foire, le bouffon des cales, des tavernes et du pierré.
Ses écrits allaient au
vent ou bien se laissaient glisser sur la rivière. Allant vers
l'amont ou descendant vers l'aval, ils touchaient quelques oreilles.
La vague lui fit bon accueil et d'autres surfeurs, ailleurs de par le
monde, aimèrent à leur tour, la Loire et ses Ligériens. Vaste
ambition qui n'était pas que la sienne, mais celle, partagée, d'une
joyeuse bande de farfadets et de coquins, amateurs, avant tout, de
vins de Loire et de bonne ripaille.
Arrière-petit-neveu de
Rabelais, il descendait de la cuisse gauche de Galifon, le cousin
germain de Gargantua. La farce était son domaine, le rêve son pays.
Il fit tant et si bien qu'une oie vint voleter autour de lui et le
pria de lui prendre quelques plumes afin de coucher ses délires sur
un parchemin relié. Les Boniments du falot allaient naître de
l'union improbable de la déraison et de sa passion Loire
Il allait avoir son double
gravé sur le marbre. Une manière un peu prématurée, sans doute,
d'entrer dans l'autre monde par une petite porte dérobée. Il y alla
à reculons, doutant qu'on puisse perdre son temps à lire ses
sornettes. C'est Méphistophélès en personne qui le reçut de
l'autre côté du Styx. Il y avait belle lurette que Saint Nicolas,
Saint Clément et Sainte Catherine ne voulaient plus entendre parler
de ce diable de mécréant !
Un capitaine, autrefois
l'avait poussé à raconter ses histoires ; leur aventure avait
tourné court comme bien souvent sur la Loire. Certes, le risque est
grand d'un nouveau naufrage et nous pouvons douter que nos deux
lurons soient couverts par la moindre assurance. Je sais le cliché
éculé ; il faut bien savoir se jeter à l'eau quand on est
Ligérien de naissance …
Les Bonimenteries sont sans
doute le mariage improbable de la carpe et du garenne, de la Loire et
de l'Histoire, du récit et du mensonge. Si vous souhaitez participer
à cette aventure, sachez que le risque est grand de n'y rien
comprendre, de vous noyer sous le flot de mots tordus et abscons,
tout droits sortis d'un muid ou plus sûrement d'un foudre mis en
perce par temps d'orage. Vous aurez été prévenus ; faites ce
que bon vous semble mais, si d'aventure vous tentez, à vos risques
et périls, la lecture des contes sur ce blobg, n'oubliez
pas-précaution indispensable : votre survie est à ce prix - de
vous munir, de deux ou trois pichets d'un bon petit vin de chez
nous ! C'est la plus sûre manière de supporter la redoutable
épreuve.
Avertissement vôtre.
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