mercredi 10 juillet 2024

Tout sur la veste

 

Et le tailleur aussi...





La veste est, à n'en point douter, l'attribut vestimentaire qui sied le mieux à la pratique politique. Non seulement parce que la chose donne cette forme d'élégance guindée qui leur colle à la peau mais de plus par sa doublure dans laquelle il est aisé de dissimuler les textes des discours écrits par d'autres.


Le porteur de veste ne brille que par la petite rosette qui s'étale innocemment sous le col afin de témoigner de son appartenance à la grande cohorte des prétentieux, arrogants, vaniteux d'une République qui congratule tous ceux qui mangent à la même gamelle. En cela, l'électeur de base doit comprendre que voter pour l'un de ces porteurs du label rouge de la qualité française est la garantie de ne pas sortir de l'oligarchie.


L'impétrant a pris le soin de se munir d'une cravate ou d'un nœud papillon, non point pas souci d’élégance, ne leur en demandons pas tant, mais parce que ce petit supplément vestimentaire vole aisément au vent dominant. Fort de cette information capitale avant un scrutin, l'endimanché permanent peut retourner sa veste le cas échéant. Nous assistons d'ailleurs à une spectaculaire opération de ce type en ce moment.


Inconvénient majeur de la chose, il n'est pas commode de retourner les boutons, si bien que prendre ce risque ne vous met pas à l'abri des coups de froid, des mauvaises surprises et du ridicule. Cependant, avouons que ce dernier écueil n'a jamais rebuté nos professionnels de la parole évanescente.



La veste a ceci d'incroyable, c'est que même si vous l'avez sur le dos, il est permis de l'avoir également dans le dos. Ceci se désigne par le vocable : « Prendre une veste », formule qui demande une analyse un peu plus fine. Ces pantins de la confection, déjà affublés de cet élément indispensable à la panoplie du parfait menteur, peuvent-ils ajouter une seconde couche ?


Nous savons par expérience qu'ils savent couvrir leurs arrières, ne vont jamais au combat sans se garantir un prochain pantouflage. Ce point atteste évidement de leur manque de goût car la veste et les pantoufles font rarement bon ménage à moins qu'il transforme la première en robe de chambre, ce qui expliquerait ainsi la dénomination du parlement.


Partant de cette constatation, c'est dans leur sillage que nous devrions voir comment se constitue au fil du temps et des claques électorales, leur garde veste. Je suis en mesure de vous informer sur ce point essentiel dans la vie publique d'une cinquième République à bout de souffle où le petit personnel politique n'a plus la fibre démocratique.


Nos porteurs de vestes ont adopté un curieux rangement qui avouons-le, leur est très personnel. Ils traînent derrière eux une ribambelle de casseroles, ustensiles utilisés par le quidam de base pour faire la cuisine, mais dans ce monde si particulier, il permet de mettre en boule les vestes passées. Attitude du reste qui chiffonne un temps les électeurs avant qu'ils redonnent une nouvelle chance à la crapule.


Remarquez que la loi sur la parité a apporté une nécessaire adaptation à la règle. Nous pouvons tailler des croupières à ce joli monde, les candidates ont suivi les mêmes pratiques que leurs homologues, faisant du tailleur, la parfaite copie de la veste. Il n'est qu'à revoir notre langage pour obtenir le même résultat.


Au bout de l'exposé, il faut bien admettre que nous sommes les seuls responsables en continuant d'honorer, de respecter, de congratuler ces pauvres épouvantails si sensibles au vent mauvais. Rares sont ceux qui demeurent droits dans leurs bottes, ils et elles aiment à suivre les pas de ceux qui ont le vent en poupe, suivant docilement l'air du temps et la mode de saison. Aujourd'hui, le vert de gris ou le brun dominent et ceci ne peut qu'interroger sur le devenir de cette nation qui fut un temps, la patrie de la grande couture.

 



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