Âneries en Ligérie
Quand ces fidèles compagnons du meunier
Se proposent de donner leur part aux chiens
Il faudrait surtout ne pas être rancunier
Pour supporter les quolibets des vauriens
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Que ceux qui souffrent ainsi de la famine
Osent se gausser de qui se portent à leur secours
Il y a de quoi leur faire mauvaise mine
Et ne plus leur accorder le moindre concours
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Heureusement se montrèrent magnanimes
Firent offrande de ces précieux grains de blé
Qu'en dépit d'un détestable patronyme
Ils leur livraient en sincère fraternité
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Beaucoup d'eau, depuis a coulé sous leurs deux ponts
La rancune n'a plus lieu de se manifester
Les ânes de Meung-sur-Loire ont fait le dos rond
Pour oublier l'insulte de la grande cité
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L'histoire leur a donné d'autres grains à moudre
Pour mériter un si curieux sobriquet
Quand le satyre Silène voulut en découdre
Avec les chenapans qui tuèrent son mulet
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Bacchus réparant la mort de la bourrique
En punissant les odieux blasphémateurs
Qui pour un jet d'urine sur la barrique
S'acharnèrent contre le malheureux pisseur
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Plus tard, c'est le plus célèbre mousquetaire
Qui fit halte à la Taverne du Franc-meunier
Sa vieille monture n'eut pas l'heur de plaire
À des moqueurs la comparant à un baudet
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D'Artagnan ne tira pas pour autant le fer
Préférant répondre par un complet mépris
À ce jugement tout à fait délétère
Digne de la plus grossière des âneries
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Un bon prélat n'y voyant nulle malice
Confondit son goupillon et un braquemart
Pour honorer sa coquine cantatrice
Qui sous la saillie faisait grand tintamarre
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Les ânes ne font pas que braire en ce pays
Ils y firent belles proses et jolis vers
François Villon, Gaston Couté et compagnie
En seront éternellement les trouvères
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