Quand la rivière scelle nos secrets

Confidences à la Loire

 

 

Pour un grand chagrin

Ou un gros déboire

Le Ligérien s'en vient

Vers sa tendre Loire

 

Qui n'a jamais confié ses peines

À cette grande et belle dame brune

Ne peut comprendre ce qui nous amène

Vers celle qui efface nos infortunes

 

Assis près d'elle, le regard dans le vide

Son courant se charge de nos tracas

Confiant en sa force impavide

Lui chuchotons ce qui est délicat 

 

Nous invite à lui offrir nos peines

Afin qu'elles prennent alors la tangente

Se noyant de sa force souveraine

Dans sa tranquille fuite vers Nantes

 

Il faut être né près de ses rives

Pour comprendre ce curieux manège

Quand toutes ces âmes à la dérive

Lui demandent ainsi qu'elle les protège

 

Confidente toujours à l'écoute

La rivière scelle nos secrets

Dans son courant nos larmes absoutes

Se dissolvent sans le moindre regret 

 

Pour que nos intimes conversations

S'en aillent gonfler son flot tumultueux

Elle accepte notre confession

Sans réclamer de repentirs scabreux 

 

Dame Liger, de nos poids nous allège

Gardons lui notre éternelle tendresse

Quant à ce merveilleux privilège :

Qu'ô grand jamais, il ne disparaisse ! 

 

Qu'importe les tourments du moment

Apprécions ce bonheur immense

De pouvoir jouir à chaque instant

Du don de sa tutélaire présence 

 

Pour un grand chagrin

Ou un gros déboire

Le Ligérien s'en vient

Vers sa tendre Loire

 

 

Aquarelles de

 

 Jacques Duval