jeudi 11 janvier 2024

Nous sommes les crève-la-faim, gagne-petit, pauvres misères ...

 

Ceux d'la rivière...





Nous sommes les crève-la-faim

Gagne-petit, pauvres misères

Tout juste des bons à rien

Trimant au bord de la rivière

Que les marchands au ventre gras

Exploitent jusque z'à la trogne

Se nourrissant sur nos gros bras

Et sans pitié et sans vergogne


Nous sommes les cht'iots calfats

Les besogneux dessus le quai

Passant le goudron et la poix

Plus méprisés que vos laquais

Un travail juste pour les chiens

Que l'on paie d'un os à ronger

De quelques miettes de pain

Avant de nous donner congé


Nous sommes aussi les portefaix

Les costauds au pied des bateaux

Pour soulever tous vos effets

Et les porter sur les chariots

De nos vieilles mains calleuses

Nous soulevons ces lourdes charges

Que vos moqueries si honteuses

Alourdissent encore davantage.


Nous sommes encore les gobeux

Les haleurs du bout de nos ponts

Tirant aussi fort que des bœufs

Les trains de bateaux vers l'amont

La bricole nous scie les reins

Nous luttons contre le courant

Pour empocher just' trois fois rien

À la santé des commerçants


Nous sommes les tireux de sable

Et nous puisons dans la rivière

Les précieux grains si friables

Qui bâtissent votre chaumière

Tous les jours au milieu des flots

La queue de singe dans les mains

Nous remplissons notre bateau

En un labeur fort peu humain


Nous sommes les crève-la-faim

Gagne-petit, pauvres misères

Tout juste des bons à rien

Trimant au bord de la rivière

Que les marchands au ventre gras

Exploitent jusque z'à la trogne

Se nourrissant sur nos gros bras

Et sans pitié et sans vergogne

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