samedi 6 janvier 2024

Qui l'eut cru ce bon pasteur ?

 

Ne pas en faire tout un fromage.






Il est de sages conseils de nos amis bateliers qu'il conviendrait d'appliquer à la lettre pour qui ne veut pas être pris pour un jambon. Ainsi ces braves gens par superstition sans doute, n'auraient jamais envisagé de mettre un fromage coulant à bord. Tout comme le lapin et le nœud de pendu, il appartient à ces éléments de langage qu'il convient de laisser à quai.


Un matelot d'occasion qui fit sa propagande sur un fûtreau de Loire se fit le défenseur du lait cru avant que de croiser le fer avec les industriels de la charcuterie. Il n'est guère possible de lui faire grief d'une faute de goût, l'homme en la circonstance croque à belles dents toutes les occasions de mettre carte sur table tout en démontrant son appétit médiatique.


Le rose aux joues, je me vois contraint d'avouer la justesse de ces batailles d’arrière-cuisine qui ne doivent pourtant pas faire oublier le soutien indéfectible du bonhomme à la politique du plus grand serviteur des lobbys que notre nation plaça aux commandes. Si donc, notre mousquetaire de la tradition culinaire était un peu cohérent, il se rendrait vite compte qu'il sert de paravent pour cacher ce qui se mijote au fond de la marmite élyséenne.


On le laisse s'agiter sur des batailles nobles certes mais sans grande portée réelle pour passer en douce les pires ignominies. Et notre cordon bleu du palais Bourbon de se frotter les mains avant de passer à table et d'avaler le glyphosate et les autres saloperies que le pouvoir concède à l'agro-industrie et à l'agriculture du désastre.


J'espère qu'il a l'estomac solide notre ami pour avaler sans rechigner ni vomir toutes ces couleuvres qu'on lui sert sournoisement. Il doit même marcher sur des œufs quand après avoir fait son merveilleux numéro médiatique, il baisse la tête pour aller voter ou donner son soutien par de commodes abstentions ou absences à ce qui est l’exact contraire de ses combats.


C'est donc ça la politique : baisser sa culotte après avoir brillé en public sur des sujets accessoires. Le fond et la forme, l'industrie de la mort et le camembert non pasteurisé. Je peux comprendre que pour une petite avancée, il convient de reculer de plusieurs pas pour sauver la face et servir de porte-drapeau à un camp qui se fiche de la santé de la population.


Je ne pardonne pas ses grimaces et ses renoncements car j'ai une plus haute conception de l'honneur et des convictions. Je fais sans nul doute fausse route et dois admettre que le métier de la politique n'est en définitive que l'art de fermer les yeux et mettre son mouchoir sur ses idéaux. Le beau métier que voilà que tous nos joyeux hypocrites rangent derrière ce fameux pragmatisme qui permet de trahir à tous vents.


Ce ne sont après tout que des artistes d'un spectacle pour lequel la vérité n'est jamais mise en avant tandis que la sincérité n'est qu'un terrible handicap interdisant de gravir les échelons de cette cour du roi Pétaud. Si l'électeur à tort se fie à leur bonne mine, l'étiquette demeure et impose des revirements permanents.


Voilà bien le seul endroit du reste où l'étiquette ne trompe pas. Sans même qu'il soit besoin de préciser les ingrédients et les recettes, chacun sait à qui s'en tenir sur la provenance réelle des lois et des directives. Nos députés ne sont que des caisses d'enregistrement de textes imposés par des influenceurs de l'ombre ou des commissaires européens qui n'ont jamais été élus.


Alors, contentons-nous de miettes quand elles nous sont ainsi servies avec bonhommie et rouerie par un fort amusant virtuose du moulinet verbal. J'ai parfois le sentiment, qu'une fois retiré de la scène publique, j'aurai là à faire à un redoutable concurrent en matière de bonimenteries. À moins que nous fassions alors un numéro de diététiste… qui sait ce que nous réserve l'avenir !



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