Sandre
S'il n'est jamais aussi bien que dans la Meuse
C'est qu'il aime se retrancher derrière ses ouïes
La bête dispose d'une réputation batailleuse
Auprès de la troupe de tous ses ennemis
Carnassier redoutable pour la friture
Il croque à tout venant le malheureux goujon
Se délecte de l'ablette, belle créature
Qui semble destinée à nourrir ce poisson
Le sandre tout comme le brochet ont la dent dure
Pour eux, l'alevin passe à la casserole
Pour ces deux-là, dans la loi de la nature
Ils s'attribuent joyeusement le beau rôle
Le pêcheur occupait jadis la fin du cycle
Il prélevait à son tour les prédateurs
Belles pièces dont il faisait l'article
Pour la satisfaction des restaurateurs
La roue a tourné, la société du loisir
Transforme le poisson en un vulgaire jouet
Pour un individu dont le seul plaisir
Réside alors dans le combat qu'il va mener
La prise sera photographiée pour son vainqueur
Un trophée qu'il diffusera autour de lui
La pêche ne devenant alors qu'un pauvre leurre
Pour briller auprès de tous ses nombreux amis
L'humain perdant ainsi de vue que sa prise
N'est pas là pour satisfaire sa distraction
S'il prône la vie comme honorable devise
La souffrance échappe-t-elle à sa position ?
C'est en achevant sa vie dans une musette
Que son sacrifice lui semble naturel
Le sandre se pique de finir dans une assiette
Plus que d'être le partenaire d'un duel
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