Matelot en matelote
Quatre comparses cul terreux
Se retrouvèrent loin de chez eux
Ils jetèrent leur dévolu
Sur le premier bateau venu
Ils avaient l'intention de boire
Et de passer la nuit en foire
Un jour que la Loire en colère
Menaçait de noyer nos terres
Il était une toue cabanée
Pas du tout armée pour naviguer
Où quatre poivrots en goguette
Décidèrent de faire la fête
Inconscients nos joyeux ivrognes
S'en mettaient ainsi plein la trogne
Tandis que la rivière en crue
Emportait ceux qui avaient trop bu
Dans la nuit quand la digue eut cédé
La toue partit vers sa destinée
Les soiffards n'ayant plus rien à boire
Ronflaient comme des gredins en foire
Nos quatre marins en bordée
S'étaient saoulés tout'la soirée
C'est au petit matin dégrisés
Que nos joyeux drilles éberlués
Se trouvèrent prisonniers des flots
Éperdus au milieu de tant d'eau !
Trois jours plus tard, étaient toujours là
Bien près de connaître le trépas
Ils n'avaient plus rien à dévorer
Leur fallait manger pour subsister !
Nos quatre arsouilles d'la tambouille
Avaient l'estomac qui barbouille
Ils se regardent à la dérobée
Pour savoir qui sera avalé
Le plus petit est alors choisi
Son trépas sera moindre souci
Avant de porter le coup fatal
Ses amis qui seront cannibales
Demandent sa dernière volonté
Une sauce pour l'accommoder
Nos quatre compères en sursis
Se faisaient beaucoup de soucis
Le pauvre en un ultime désir
Dit que ce qui lui ferait plaisir
Comme dans les bonnes gargotes
D'être mitonné en matelote
Son vœu allait être exaucé
Quand ses trois compagnons excédés
Comprirent qu'il leur fallait du vin
Pour réaliser ce plat divin
Nos quatre chevaliers du bouchon
N'étaient que de vulgaires pochetrons
Le sacrifice ne put se faire
Car jamais sur notre rivière
Quand le vin arrive à manquer
On ne songerait à s'en passer
Notre matelot et ses bourreaux
Finirent par être sauvés des eaux
Des mariniers tirèrent de ce pas
Ceux qui ne firent pas ce repas
Nos quatre naufragés de la crue
Pensèrent avoir la berlue
Quand ils se retrouvèrent à terre
Jurèrent par Dieu de se taire
Mais hélas la langue les trahit
Lors d'une bordée avec des amis
Dans le pays nul les en blâma
Si une chose ne se fait pas
Un outrage digne du Malin
C'est une matelote sans le vin
Nos quatre fêtards en perdition
Sauvèrent leur réputation
Il était une toue cabanée
Pas du tout armée pour naviguer
Quatre gaillards alcooliques
Défrayèrent la chronique
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