mardi 15 décembre 2020

L’alternative de la nativité …

 Le terrible choix de Noël.

 




    Un tison et un balcon rêvaient de fêter Noël ensemble. Ils étaient amis, n’avaient plus d’enfants en âge de célébrer la nativité avec eux. Ils auraient aimé se retrouver tous deux, profiter de la soirée pour deviser tranquillement, profiter de l'aubaine pour déguster des mets délicats et des vins gouleyants. Mais voilà, quelque chose entravait leur désir, une stupide alternative dont ils étaient les enjeux involontaires.

    Le temps ne fait rien à l’affaire pensent ceux qui ignorent tout des impératifs météorologiques. Le tison brûlait sans doute de se libérer de sa tâche, de ne pas avoir à toujours sortir les marrons du feu. Être ainsi le dindon de la farce n’avait rien de drôle, il se brûlait les ailes à respecter à la lettre les obligations de sa fonction tandis que le balcon se la coulait douce, le nez dans les étoiles, jouissant de l’air pur et d’une liberté sans entrave.

    Le balcon ne voyait pas la chose sous le même angle. Il claquait si souvent des dents, contraint qu’il était de rester dehors, de surveiller le ciel et la venue hypothétique du Père Noël à moins que ce ne fut le retour des cloches. Il devait s’adapter, suivant les saisons à l’une de ces deux missions, tandis que le tison restait au chaud.

    Les deux eussent aimer enfin se retrouver, célébrer la venue du divin enfant sans avoir à se tourner le dos, à s’éloigner l’un de l’autre pour des raisons qui échappaient à la raison. Mais rien n’est plus terrible que la rumeur. Leur union était marquée du sceau de l'infamie. Si l’un était présent, l’autre devait tirer sa révérence et attendre son tour, trois mois plus tard.

    Tison et Balcon ne pouvaient échapper à leur terrible destinée. Pas moyen de réveillonner ensemble, l’un avait droit aux cadeaux tandis que l’autre, invariablement était chocolat. « Crotte » se dit l’un des deux, nous n’allons pas ainsi, toute notre existence, manquer cette belle occasion de faire bombance. Pourtant, depuis toujours il en était ainsi, même si parfois, il leur était possible de tirer les rois ensemble.

    Depuis quelques temps, le tison s’inquiétait. Le balcon avait le vent en poupe, la primauté lui revenait sans cesse, y compris parfois lors des deux rendez-vous. Les humains, toujours capables du pire, appelaient cela le réchauffement climatique. Lui était contraint de plus en plus de jouer les seconds rôles, intervenant uniquement lors de ce qu’on appelait désormais une vague de froid, susceptible de survenir n’importe quand, du reste !

    Le balcon le prenait de plus en plus de haut. Pauvre tison, réduit à remuer la cendre en catimini d’autant qu’une loi scélérate interdisait le feu de cheminée au grand jour. Si la bûche de Noël conservait la vedette, elle devait sortir de chez un pâtissier. Le feu avait vécu, il lui fallait désormais s’exprimer, emprisonné derrière des vitres.

    Le balcon était la vedette incontestable. Juliette pouvait rêver de son Roméo, il ne risquait plus de prendre froid. Le tison avait connu son heure de gloire quand le Père Noël, en une époque lointaine durant laquelle les saisons étaient respectées, passait par la cheminée pour venir apporter offrandes et cadeaux. Depuis ce temps béni, tout avait changé, les normes européennes sur les conduits de cheminée avaient poussé le vieux bonhomme à préférer l’échelle de corde pour faire sa tournée.

    Se remémorant tout ça, le tison devint rouge de colère. Le balcon lui avait joué un sale tour. Décidément, voilà bien un individu qui ne mérite pas son amitié. Le tison remua ses rancunes, pour lui, Noël serait une fois encore un mauvais moment à passer. Il ferma la porte, laissant le balcon sur le pas de la porte fenêtre. Sa vengeance, il l’aurait bien un jour, quand sa cheminée avalerait les papiers cadeaux et le sapin devenu inutile.

    Le balcon se moqua de cette bouderie. Il avait le bonheur de pouvoir admirer les illuminations de la ville et même celles de quelques illuminés de Noël faisant de leur demeure des décors de conte de fée. Cette année encore, il ne prendrait pas froid, la neige ne serait pas au rendez-vous. Le tison allait bientôt devenir un objet obsolète. Paix à ses cendres !

    Nativement leur.




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