vendredi 2 décembre 2022

Pire que ceux-là, ce n'est guère possible.

 

Le football professionnel : paradigme de la société

 

 





J'avoue ici une étrange perversion, un comportement suicidaire qui me pousse à aimer écouter les experts du football déblatérer sur ce sport que je ne peux supporter. Rassurez-vous, je ne me fais pas alors le thuriféraire du ballon rond, je goûte avec un délice incomparable aux turpitudes d'un monde clos qui n'est que l'expression de tous les défauts d'un système d'une parfaite iniquité.


Car nos joyeux chantres de l'opium du peuple se plaisent à dévoiler les dessous des cartes, les vraies perversions d'un sport entièrement voué à l'argent, à la magouille, aux puissants et à la manipulation des foules. C'est un régal que de constater à quel point ce système pourri, ce monde corrompu, ce sport vérolé par l'égoïsme et la cupidité, est le symbole d'un système économique dénué de toute valeur morale.

 

Ces braves gens évoquent le budget comme le paramètre qui détermine le classement final. L'argent fixe la hiérarchie. C'est la seule loi qui dirige ce monde. Nul n'est besoin de croire aux vertus de la technique collective, de la stratégie, de la volonté et de la glorieuse incertitude du sport, le fric est le seul indice pertinent.

 

Ils dévoilent alors le dessous des cartes, les magouilles des transferts, ce commerce des êtres humains, ce nouvel esclavage. On s'achète et on se vend au plus offrant. C'est un infâme marché de bestiaux. Et les financiers de se délecter de procédures occultes, de ventilation comme ils disent pour échapper au fisc français. Ça pue la magouille, le délit, la fraude et c'est le fait de gens très respectables qui profitent de subventions publiques quand ils utilisent les stades.

 

Ce sport qui parasite les rêves de nos enfants est en fait la plus parfaite négation des valeurs qui furent les siennes. Ce jeu, éminemment collectif, n'exprime que la gloire du plus fort, de l'individu que l'on veut mettre en valeur. Le buteur est adulé, l'individu est toujours préféré au groupe. C'est le règne de l'étoile, de la vedette dans le plus total mépris de ses partenaires. C'est le plus parfait exemple d'une société qui va distinguer quelques-uns pour ignorer tous les autres.

 

Ainsi, des pauvres gamins qui ne pratiquent même pas ce jeu en club sont persuadés d'avoir des destins à la Ronaldo. Ils continuent de croire qu'eux aussi toucheront ces sommes indécentes, auront une vie facile, de grosses voitures et de jolies femmes. Comment voulez-vous leur inculquer les valeurs de l'effort et du mérite quand ils se bercent de telles illusions ?

 

Le football est le relais du système capitaliste pour anesthésier le peuple. C'est l'alibi qui permet de croire que chacun peut accéder aux fortunes des maîtres de ce monde. Plus fort encore, cette opportunité de fortune est offerte à des gamins dénués de la plus petite parcelle de culture et de réflexion. Ils sont à l'image de nos pauvres élèves, incapable d'appréhender le monde mais eux sont riches à millions.

 


Alors, nos joyeux experts nous dévoilent les secrets des vestiaires. Les caprices de ces enfants pourris par les médias et le fric. On découvre alors que ces millionnaires se tirent dans les pattes, se font la gueule, refusent de se faire des passes, traînent les pieds quand ils espèrent obtenir un bon de sortie, une mutation quelconque en dépit d'un contrat signé. Car le football c'est le temple du non respect de la parole et de l'engagement contractuel ! Quel merveilleux modèle assurément…

 

On découvre alors stupéfait qu'ils ne respectent même pas les supporters qui viennent assister souvent à des parodies de match. Des smicards qui se saignent aux quatre veines pour suivre leurs champions sont floués par des capricieux qui font la grève du zèle, qui refusent de « mouiller le maillot » afin d'obtenir une mutation ou une augmentation. Au tarif où ces gens sont rémunérés, c'est pur scandale et misérable comportement d'enfants gâtés.

 

Et ce sont ces individus immatures qui servent de modèles, qui sont adulés par des mômes qui ne voient que l'argent facile et les paillettes. Comment lutter contre ce repère absurde et si loin du monde réel ? J'ai dans mes classes des gamins qui ne vivent, qui ne pensent, qui n'agissent qu'au travers de ces pauvres types sans moralité. Il est impossible pourtant de briser ce rêve improductif.

 

Puis c'est la valse folle du pouvoir et des millions, des hommes d'affaires qui déboursent des sommes folles de leur poche. D'où vient l'argent ? Que signifie posséder tant ? Questions sans réponses et la France entière (ou presque) s'enthousiasme de voir l'argent du Qatar inonder le club parisien avec le regard bienveillant des élus de droite ou de gauche.

 

C'est un monde sans règle, sans valeur, sans honnêteté. Le tricheur est encouragé, l'irresponsabilité est élevée en principe. Quand une équipe perd ce ne peut être que de la faute d'un entraîneur ou bien d'un arbitre. Il faut des lampistes, des fusibles pour toujours exonérer les acteurs intouchables. Ensuite, on s'étonne que dans les classes, les élèves disent toujours que ce n'est pas de leur faute …

 

Pour des raisons mercantiles et politiques, le sport et le football en particulier sont devenus des modèles sociétaux. Belle société que voilà qui met en avant ce qui se fait de pire, de plus misérable, de moins glorieux. Honte à ces médias qui ne cessent de mettre en avant le pire de nous-même, la plus repoussante des aventures humaines. Le football est le paradigme de notre société, cela en dit long sur l'état de décrépitude de celle-ci.



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