Le Rade du Port
Après des jours d'galère en mer
Dans ce rade, les marins échouent
Les attendent femmes et bock de bières
Pour une escale où tout se dénoue
Ancrés à un sordide comptoir
Pour y boire jusqu'à n'en plus pouvoir
Chantant, gueulant, braillant tout leur saoul
Chavirent de terribles marlous
Écopant leur blues à grands godets
Matelots en rade dans ce troquet
Ils posent leurs verres sur les barriques
Pour lancer les dés sur le tapis
Sans égard, crachent loin, leur chique
Et commandent un kil de tafia
Quand un gars d'un autre équipage
S'embarque dans une folle bordée
Nous laisse croire à son épopée
Propos tombés du bastingage
Nul ne donne foi son récit
Qu'importe ses miteux racontars
Il y met tant d' plaisir et de vie
Que chacun lui offre du pinard
Pour parachever sa racontée
On entonne des chants de marins
Les bouteilles se mettent à chavirer
Les habitués reprennent le refrain
En buvant du rhum à p'tits gorgeons
Les clients embarquent eux aussi
S'enivrant d'un sublime plongeon
Pour suivre la noble compagnie
Quand à la toute fin de la nuit
Le bistrot vomit ses passagers
Tristes épaves au bout de leur ennui
Quand l'alcool permet de surnager
Débute alors un long voyage
Une traversée en solitaire
Laissant ce beau compagnonnage
Des amitiés qui restent à terre
Larguant les amarres du comptoir
N'ayant plus la force de boire
Titubant, chaloupant d'être saouls
Ils virent de bord nos piteux marlous
Dégoulinant à chaque arrêt
Des paquets de mer sur la jetée
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