Chapeau bât !
Un âne, las de se faire tirer les oreilles
Se convainquit de se revêtir d'un chapeau
Mais quel couvre-chef pour lui et ses pareils ?
La question ne se réglerait pas en un mot
Cet animal se gratta longtemps la tête
Cherchant l’élément qui lui siérait le mieux
Dissimulant ce qui lui donnait l'air bête
Dans l'esprit des gens qui ne valaient pas mieux
Se comparant depuis toujours à un lapin
Il songea à s'affubler d'un haut de forme
Pour la baguette magique ce n'est pas malin
Sa queue ne correspondait pas à la norme
Pourquoi ne pas transformer ces deux pavillons
Par la grâce d'une belle capirote
En un trompeur mais splendide papillon ?
Songea-t-il dans sa si féconde jugeote
Repoussant cette métamorphose saugrenue
Voulut les entortiller comme une corne
Réalisant alors le vieux rêve des élus
D'être confondu avec une licorne
Mais le malheureux n'est hélas pas un aigle
Les deux ailes feraient défaut à sa panoplie
Pour voler il fallait respecter la règle
Tout ceci n'était qu'une bien triste lubie
Il se résolut à se couvrir d'un bonnet
C'était à ses yeux la chose la plus aisée
Il ne pouvait pas se douter, pauvre mulet
Des effets de ce qu'il allait réaliser
Dans toutes les écoles, des pédagogues
Jugeant fort mal ce si futé animal
D'une détestable pensée analogue
En couvrirent la tête de ceux qui travaillaient mal
Ces déplorables enseignants se firent plus sots
Que leurs pauvres élèves ainsi mis au piquet
Pour tous les ânes, mon dieu quel honteux fardeau
D'être comparés à des petits freluquets
Point n'est besoin de trouver dans la nature
Tous les travers qui n'appartiennent qu'aux humains
Les animaux qu'on met ainsi en pâture
Se montrent bien supérieurs à ces crétins
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