jeudi 14 juillet 2022

Quand la Rumeur se fait calomnie

 

La calomnie.





Au bord de l'eau vivait un homme

Simple gardien de ses moutons

Un humble berger en somme

Loin de la ville et ses tensions


Sur la rive, du matin au soir

Il sculptait des personnages

Sur des bois flottés de Loire

Pour les enfants des parages


Ils aimaient à le regarder

Lui offraient de doux sourires

De tous, il était respecté

Gentil berger aimant à rire


Quand soudain l'orage éclata

Pour les adultes de ce bourg

Il ne fallait pas qu'on aimât

Celui qui agit à rebours


C'est la femme de l'échevin

Grande dame respectable

Qui distilla tout le venin

Dont on la savait capable


À qui voulait bien l'écouter

Elle déclarait sans vergogne

Que non loin était un berger

Plus repoussant que charogne



Prétendant le berger porteur

De la si redoutée peste

La femme en son déshonneur

Avait la langue bien leste


L'homme en ce pays délétère

Fut soudainement mis au banc

Les enfants à coups de pierres

Les adultes encore plus méchants


Il se cacha plus loin encore

Isolés parmi ses moutons

Tandis que ses maudits pécores

Le tourmentaient de leurs horions


Un jour un chaland s'arrêta

Un vieux marin s'en vint vers lui

Ce grand sage lui conseilla :

« N'accepte plus cette infamie ! »


« On te rejette par ignorance

C'est de cette arme qu'il faut user

Avec ton flutiau pour la danse

Tu les auras tous à tes pieds »


Ce que fit le brave berger

En rondes mélodieuses

Enchantant qui l'avaient chassé

Y compris la dame odieuse


Car c'est la langue des oiseaux

Qui prend ainsi par la douceur

Les ignorants et tous les sots

Qui n'écoutent jamais leur cœur

 



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