Corneille
Avec ce nom je pourrais brûler les planches
Ou bien installer mon repère sur un balcon
Pour moi ce n'est jamais tous les jours dimanches
Ma vie reste une tragédie non de non !
Par mes envolées, bien loin d'être lyriques
Je sème la terreur dans les rangs d'en face
Brisant dans leurs œufs des espoirs chimériques
Mettant le point final avant la préface
D'un bec acéré, je récite mes tirades
Retirant le rôle à ces jeunes premiers
Qui au premier essai tombent de l'estrade
Sans que jamais ils ne puissent se relever
Aimable passereau me voilà charognard
Quand ma troupe s'installe au cœur de la cité
C'est pour trucider d'un sournois coup de poignard
Tous ces migrateurs qui désirent cohabiter
Dans certaines scènes, je laisse des plumes
En une bataille féroce côté jardin
Je ne leurre personne avec mon costume
Je porte le deuil ce n'est pas très malin
Corneille, je réside dans vos peupliers
Surplombant la héronnière d'un regard
Prête à fondre sur l'oisillon abandonné
Sans aucune pitié ni le moindre égard
Vous bayez en observant ce bal maudit
La bouche bée, le regard tourné aux cieux
Me jugeant sans nul procès, ô quelle infamie
Pour tous mes crimes que vous jugez odieux
Héron dispose de toute votre sympathie
Victime expiatoire d'une loi naturelle
Quand vous me vouez de concert aux gémonies
Moi, oiseau au comportement criminel
Les poissons constituent cependant son menu
Ce détail échappe à votre indignation
Vous ne me souhaitez pas la bienvenue
Je rejoins le corbeau dans votre exécration.
Certes, je ne vais pas en faire un fromage
Puisque Ésope m'a honoré comme il se doit
Sans parler de ramage ni de plumage
Mais d'une cruche d'eau dans laquelle je bois
Un jour, une corneille altérée trouva pour son bonheur une cruche contenant de l'eau. Mais, hélas! lorsqu'elle voulut boire, elle constata que le niveau de l'eau était si bas qu'elle ne pouvait l'atteindre de son bec. Elle essaya bien de renverser la cruche, mais en vain : celle-ci était trop lourde.
La corneille assoiffée désespérait de boire lorsqu'il lui vint une idée. Elle se saisit d'un caillou et le laissa tomber dans la cruche. Elle en mit un autre, puis un autre, un autre encore, et ainsi de suite. Peu à peu, l'eau montait dans le récipient et, bientôt, notre corneille put étancher sa soif.
Le héron et les corneilles
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