mercredi 13 octobre 2021

Lingette

 



Lingette
 


 

Pour qui a le cul mal propre

Elle permet d'oublier cela

Effaçant le petit caca

Pour sauver votre amour propre

 



Mais qu'importe si par la suite

Maudite lingette s'insinuera

Dans les égouts à tour de bras

Provoquant bien d'autres fuites

 



Jadis un simple gant de toilette

Et du savon faisaient l'affaire

Bien sûr il fallait le faire

Sans que ça sente la violette



Maintenant, d'un geste auguste

Le malotru jette la chose

En prenant même la pause

Pour ce torchon qui s’incruste

Sortie d'un emballage odieux

Elle accumule des déchets

Qui finiront par être jetés

On fait toujours pour le mieux

 



Nos belles rivières n'en peuvent plus

De se faire le réceptacle

De ces bouchons qui font obstacle

Pire encore que vos détritus

 



Faites donc le précieux effort

De revenir à l'essentiel

Car sur Terre l'eau et le ciel

Sont nos uniques réconforts

 



Cellulose ou polyester

Vous survivront infiniment

Tandis que votre charmant enfant

Vivra ici dans un enfer




S.O.S. Lingettes …



Tout progrès apparent semble avoir inévitablement son revers. C’est sans doute la loi immuable de l’emmerdement maximal et, en la matière, la lingette tient le pompon. Elle s’est insinuée partout, offrant mille et un menus services personnels, pénétrant l’intimité et les appartements avec une remarquable discrétion.


Malheureusement, ladite petite serviette à tout essuyer a manqué sa sortie. Elle s’autorise bien des travers en profitant des faiblesses et des indélicatesses de ceux qui l’utilisent sans modération. La lingette prend la tangente en choisissant le plus court chemin : celui qui lui ouvre grand la cuvette.


C’est sans doute une confusion qui explique cette facilité immonde, cet abus indélicat. La ressemblance certaine avec le papier toilette pousse l’utilisateur pressé à jeter dans les oubliettes sanitaires l’indélicat petit objet. Et c’est alors le début d’un long calvaire pour les responsables des tuyauteries et autres stations d’épuration. La lingette s’effiloche et se tisse, elle s’agglomère et s’insinue, elle bouche et finalement,vient à bout de tous les systèmes de protection.


Ses fibres se défont lentement avant que de se reconstituer inexorablement en d’indestructibles réseaux de cordes enchevêtrées. Elles font s’arracher les cheveux aux ingénieurs de l’épuration, aux agents de l’entretien des égouts. Elles forment un réseau imputrescible qui met à mal tous les systèmes de filtrage. La pollution est au bout du désastre, tout en nécessitant sans cesse des dépenses pour changer les broyeurs mis en miettes par le monstre filandreux.


Bien sûr, personne n’évoque ce drame égoutier. Il ne serait pas de bon ton de pointer du doigt l’indélicatesse de l’utilisateur qui, aujourd’hui, sous prétexte qu’il paie, dispose de tous les droits. Pourtant c’est une réalité intangible : la maudite lingette est une plaie, une catastrophe qu’il faudrait dénoncer si elle n’était pas entrée ainsi dans les mœurs.


Il serait pourtant fort aisé de s’en priver. Elle peut être aisément remplacée par des substituts qui, de tout temps, furent employés sans souiller la planète. Hélas, il ne fait pas bon se mettre en travers des profits colossaux qu’engendrent des produits fongibles et renouvelables à merci. Leur emploi relevant parfois de la pratique compulsive, les achats sont exponentiels.


La grande distribution et les industriels se frottent les mains tandis que les égoutiers se remontent les manches et que nos rivières regorgent de produits douteux qui sont passés par-dessus des grilles obstruées. Les poissons restent silencieux : leur silence n’est pas complice : ils sont victimes d’une infâme saloperie qu'il serait si facile d'éviter.


La responsabilité collective est patente. Pointer du doigt nos erreurs n’est pas à la mode ; il est désormais acquis que plus personne ne veut entraver la marche inexorable du progrès vers le meurtre prémédité de notre Planète. La lingette n’est, à ce titre, qu’un modeste contributeur, une mince serviette qui ne sera qu’une goutte d’eau dans l’océan de nos immondices.


Essuyez vos larmes, laissez tomber le sujet, ne changez rien, surtout ne changez rien ! Il n’est qu’à trouver des moyens, mettre en place des dispositifs, remplacer régulièrement les filtres, utiliser des produits plus toxiques encore. Tout cela est bien plus facile à faire que de changer quelques comportements et d’adopter des stratégies légèrement plus contraignantes.


À ce rythme, nous allons droit dans le mur. Il sera alors temps de passer l’éponge sur nos errements. La seule certitude c’est que ce sera bien trop tard. Ainsi va cette époque résolument moderne qui spolie les générations futures pour le petit confort de celles d’aujourd’hui. Que la honte étouffe les utilisateurs de ces saloperies ; les poissons leur souhaitent de partager un peu de leur calvaire !


Immondicement vôtre.


 



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