L'homme qui chantait
La chanson est un puissant agent
Contre les difficultés du temps
Les pouvoirs n'ont jamais supporté
Les souffleurs de vent en liberté
Bien loin des fastes de nos châteaux
Les manants ployaient sous le fardeau
Ils n'avaient d'autre distraction
Que des plaisirs de basse-extraction
Les troubadours passaient leur chemin
Préférant chanter lors des festins
Que d'enchanter nos dures besognes
Pour réjouir nos pauvres trognes
C'est alors qu'un humble ménestrel
Le petit homme à la vielle
Décida de n'accorder ses chants
Qu'à tous ceux qui peinaient dans les champs
Il ne demandait qu'un bol de bouillon
Contre ses merveilleuses chansons
Et pouvoir dormir dans l'étable
Ou bien sur le coin d'une table
Il arrivait à l'improviste
Celui qui était un grand artiste
Sortant de derrière un talus
Il nous fredonnait un air connu
Aussitôt nous lâchions les outils
Nous n'étions plus ces affreux Gentils
Comme aimaient à dire les seigneurs
Afin de nous blesser au cœur
Pour lui nous étions ses frères humains
Ni serfs, ni gueux ni même vilains
Autour de lui nous faisions la ronde
Oubliant l'âpreté du monde
Nous reprenions tous en chœur
Ses douces mélodies du bonheur
Quand ses paroles à ripourner
Nous incitaient alors à penser
Les puissants eurent écho de la fronde
Ils n'aimaient pas que le peuple gronde
Le brave ménestrel fut mis aux fers
Quand pour nous ce fut bientôt l'enfer
Les coups ne cessèrent pas de pleuvoir
Sur ceux qui avaient voulu croire
Qu'en reprenant quelques rengaines
On aurait pu briser nos chaînes.
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