lundi 16 août 2021

Les haleurs à la bricole

 

Bêtes de somme.

 

 


 


 


Je ne suis qu'une bête de somme

Un pauvre gars à la bricole

Moi qui me pensais être un homme

Je ploie sous cet odieux licol

 


 


Du matin jusqu'aux lueurs du soir

Nous tirons la corde et les bateaux

Qui remontent la rivière Loire

Et son courant au fil de l'eau 

 



Quand le vent ne veut pas souffler

Qu'il faut encore aller de l'avant

Nous voilà tous réquisitionnés

À Tirer comme des éléphants

 



Travail de forçat si peu rétribué

Nous gagnons notre pauvre croute

À la sueur d'un labeur méprisé

Qu'un animal eut pu faire sans doute

 



Le courant se fait redoutable

Le bateau résiste à notre ardeur

Il faut s'arcbouter sur le câble

Pour espérer arriver à l'heure

 



Au bout de cette journée de peine

À geindre sous l'énorme fardeau

Nous arrivons au port hors d'haleine

Et vidons bien vite quelques tonneaux

 



Le peu que nous avons gagné

Est dépensé dans toutes les tavernes

Nous n'avons même pas mangé

Ça n'en valait pas la peine

 



Quand au bout de ce long chemin

Nous retrouvons femme et enfants

Nous ne faisons pas les malins

Nous revenons sans le moindre argent

 



Nous nous remettons en patrouille

Pour laisser filer le long du courant

Nos sapines chargées de cette houille

Qu'on livrera à des lointains clients

 



Ainsi arrivés jusqu'à Nantes

Nous referons le chemin à l'envers

Usés par cette vie lancinante

Plus terrible encore que l'enfer

 



Nous ne sommes que des bêtes de somme

Des pauvres gars à la bricole

Nous qui nous croyons encore des hommes

Nous ployons sous ces affreux licols

 


 

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