RacismeS
Il
se trouve encore de braves gens pour affirmer que notre cher pays
échappe à ce mal profond, contagieux et mortel. Le Racisme pourtant
fait son chemin dans les esprits et les communautés; il se nourrit
de la peur, des discriminations, des incompréhensions et des
discours qui l'attisent. Sur des tribunes politiques, dans certaines
mosquées, dans d'autres églises, dans les quartiers, dans les
entreprises ou les stades, se diffusent des paroles de haine et de
rejet.
Mais
rassurez-vous, il n'y a pas péril en la demeure France, puisque
cette abjection est un délit. La belle affaire que voilà, punir les
langues de vipère suffirait à guérir le mal? J'enrage quand
j'entends des responsables se rassurer ou bien nous leurrer derrière
cette affirmation absurde, cette défense inutile. C'est aux sources
de ce mal qu'il faut s'attaquer et non à son expression pitoyable.
Que
nous importe qu’un journal soit condamné si, aux yeux des pauvres
fous, lecteurs et auteurs de ce torchon, tout ce qui justifie une
telle opinion, n'est pas abordé! On ne peut interdire une opinion
; on a néanmoins le devoir de modifier les conditions qui permettent
son émergence. J'ai le sentiment que pour l'instant, rien n'est fait
pour soigner le mal en profondeur et je ne doute pas qu'il y ait
autant d'impuissance que de lâcheté dans cette attitude.
Les
Racismes se nourrissent d'une multitude de causes, d'une innombrable
liste de discriminations, d'une incommensurable faille culturelle,
d'une incroyable guerre des civilisations. Nier ces faits, nier
l'existence d'un racisme polymorphe, c'est renforcer encore les rangs
des intoxiqués. Les discours angélistes sont, en la circonstance,
d'une coupable absurdité.
Non,
messieurs les responsables, il n'y a pas que monsieur béret basque,
la baguette sous le bras qui porte en lui les germes de la discorde.
Désormais, la haine de l'autre se joue dans tous les camps. Il faut
l'admettre, au risque de faire grandir encore le nombre de braves
gens qui se réfugient dans les thèses du Front National.
Notre
société, au nom de valeurs mal comprises, renforce ou protège les
expressions ostentatoires d'un refus de nos propres normes sociales.
De plus en plus ouvertement, des membres de communautés religieuses
démontrent leur refus de valeurs communes. Les protéger ou
simplement fermer les yeux par lâcheté, est une hérésie. Le
racisme se délecte de nos faiblesses. Dans le même temps, les
discriminations au faciès, les refus d'embauche selon le patronyme
ou le quartier, ne sont pas rares. Elles attisent une haine folle
contre une société qui tourne le dos à ceux qu'elle est allée
chercher. Ne rien faire contre ce feu qui couve, c'est une fois
encore, favoriser la catastrophe à venir.
L'illusion
d'une France métissée, née de la communion collective, lors du
titre de champion du monde du football, ne fut qu'un épiphénomène.
Bien au contraire, les atermoiements et les dérapages de quelques
footballeurs vedettes de cette équipe, devenue si médiocre,
renforcent à chaque défaite, le malaise et le rejet. Il serait
grand temps que le monde sportif se rende compte de son immense
responsabilité en la matière et que les critères de sélection se
fondent aussi sur la qualité morale de ceux qui représentent la
nation.
La
crise est, elle aussi, responsable. Ceux qui travaillent dans le
monde réel savent très bien qu'il y règne une injustice terrible,
fondée sur les origines et les revenus. En toute logique, ceux qui
vivent dans des quartiers très métissés sont les principales
victimes de toutes les difficultés ; chômage, pauvreté,
délinquance, drogue, déscolarisation, désocialisation,
déculturation … Pas surprenant alors que le racisme s'insinue
dans ces quartiers de la peur.
Il
est simple de continuer à refuser les statistiques ethniques dans
notre pays. C'est un moyen confortable de nier les évidences en
persistant à tenir des discours tapissés de bonnes intentions et de
vérités fausses. Les RacismeS se renforcent au contact d'un réel
qui n'est jamais avoué, qui n'est jamais pris en compte par le
discours officiel. Facilité ou lâcheté, rupture avec le monde réel
ou indifférence, la classe politique, issue de la bourgeoisie, est
en la matière, totalement discréditée pour affronter ce problème.
Il
est grand temps de reconnaître , et cela demande un courage
certain, que notre pays traverse un nouvel épisode douloureux, que
de très nombreuses composantes de son tissu social ont basculé
dans les affres et les dérives des RacismeS. Nos chers gouvernants
ont longtemps nié le problème faute de connaître le pays qu'ils
dirigent, désormais ils tentent d’instrumentaliser l’indignation
légitime. Pour combattre une telle abjection, il faut l'admettre,
l'affronter frontalement si j'ose dire. Nous en sommes bien loin ...
Indignement
leur.
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