vendredi 8 septembre 2023

Qui souffle le vent s'expose à bien des désagréments.

 

Souffleurs de Vent





Ils entendent déployer leurs ailes durant ce mois de septembre qui va les conduire par voie d'eau de la Possonnière en Anjou jusqu'à Orléans. Aventure fluviale doublée d'un défi culturel puisque nos lascars souffleront le chaud et le froid avec un programme qui sort du cadre habituel des rendez-vous festifs.


Ils oseront des chansons issues du répertoire de nos grands auteurs : Hugo et Genevoix notamment tout en y glissant des productions de leurs créations. Orgueil ou inconscience, chacun se fera son opinion pour peu que vous preniez la peine de les écouter. Comme si cela ne suffisait pas, le troisième larron se contentera de Bonimenter ou plus exactement de faire des histoires mais aussi des fariboles.


La prose ne lui suffit pas, il entend glisser de la poésie devant un vaste public qui déambule et n'a, depuis fort longtemps, plus l'habitude de se trouver face à des vers qui ne se boivent pas. À quoi ça rime au juste ? Sans doute parce que tous trois ont la conviction chevillée au corps que la Culture a sa place dans pareilles animations, même s'ils prennent le risque de toucher un public plus restreint.


Ne pensez pas qu'ils veulent imposer un pensum aux spectateurs. Ils savent aussi chanter des airs entraînants, faire rire et émouvoir, distraire comme il est désormais de rigueur dans cette société de la fatuité et de la vacuité, mais sans perdre de vue l'essentiel. Un artiste, aussi méconnu soit-il, ne doit jamais perdre de vue que sa fonction est d'apporter une vision et une démarche personnelle.


Tous trois, ils explorent des registres qui leur sont propres, sans jamais se contenter de profiter de la notoriété d'autres pour briller par le truchement de leurs succès. Il est certes plus facile de se présenter face à un public avec des textes que tous connaissent et reprennent aisément mais c'est oublier bien vite, qu'en agissant ainsi, rien de nouveau n'émerge sous le soleil.


Alors eux trois soufflent le vent au risque de récolter la tempête ou plus sûrement le désagrément de ne pas complaire à la majorité. Imposer de nouveaux textes, dire des poèmes, raconter des histoires au milieu d'une fête exige d'avoir des convictions fortes et un caractère bien trempé.


De ce côté-là, rassurez-vous, nos trois compagnons ne sont pas nés de la dernière pluie. Ils ont essuyé bien des grains et c'est même à ça qu'on reconnaît les marins et les gredins. Dans quelle catégorie se placent-ils ? C'est à vous d'en juger pour peu que vous leur prêtiez quelques minutes vos oreilles, que vous preniez le temps d'écouter et pas seulement d'entendre.


L'effort est de taille quand le brouhaha est de rigueur, le décibel la norme et le rythme endiablé la certitude de recueillir l'approbation des agités du bocal. Se poser au milieu d'une foule venue pour la foire à la merguez frites, évoquer l'histoire de la marine fluviale dans un festival qui à priori lui est dédiée, est certes un pari insensé, mais c'est le leur.


Faites-leur donc l’aumône d'une écoute attentive car c'est ce qu'exige leur programme tout en évitant de passer indifférents et bruyants devant eux. Ils soufflent un petit vent fripon, une douce brise aux parfums d'ailleurs et d'autrefois. Larguez les amarres, laissez-vous portez par leur flot de mots et de mélodies paisibles ou bien passer votre chemin en respectant leur démarche.


Ils se donnent pour ambition de restituer l'ambiance des veillées d'autrefois, du doux partage au coin du feu, de l'écoute et de la transmission. Il convient de féliciter les organisateurs d'avoir glissé au programme un tel trio qui dénote. Merci à eux et bon vent à nos amis les saltimbanques, les trouvères, les baladins, les doux rêveurs de l'improbable.


À contre-mode.

La preuve : https://blogs.mediapart.fr/c-est-nabum/blog/080923/leffet-de-seuil 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Une chanson, bref moment d'éternité

  Une chanson Une chanson, bref moment d'éternité S'insinue toujours sans en avoir l'air Laissant un souveni...