Les Pt’its métiers
Nous fûmes les gars de la rivière
Qui pratiquèrent les petits métiers
Ceux qu'on laissa loin d'la lumière
De vos doctes et pédantes assemblées
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Nous peinions pour de pénibles labeurs
Sans même mesurer la sueur de nos fronts
Nous, les humbles et modestes travailleurs
Payé alors de vos seuls affronts
Sur le bateau du matin jusqu’au soir
Souvent privé d'une vie d'famille
Notre existence vouée à la Loire
Pour tout juste de pauvres broutilles
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Courbé sous la terrible bricole
Affrontant le redoutable courant
Telle une bête de somme sous licol
Qui ahane pour un maigre rendement
Étalant de la poix ou du goudron
Pour étanchéifier tous vos bateaux
Glissant l'étoupe dessous les ponts
Le calfat se payait de quelques ronds
Déplaçant sans cesse bien des fardeaux
Roulant les tonneaux, portant les charges
Sur la planche de rive de vos bateaux
Un portefaix toujours en surcharge
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Ces richesses déchargées sans entrave
Provenaient souvent d’outre atlantique
Produites là-bas pas des esclaves
Au profit des bourgeois de barrique
Votre arrogance et vos insultes
Pour nous tous, les humbles de votre quai
Se paieront un jour d'un culbute
Quand viendra la révolte des laquais
L’histoire ne réclame pas de comptes
Aux héritiers de ces fortunes
Par le truchement de quelques contes
Nous vous solderons notre infortune
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Puissiez vous alors en rabattre un peu
Reconnaître le rôle plus modeste
De tous ces misérables laborieux
Pour lesquels la mémoire est en reste.
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