mardi 11 octobre 2022

La controverse des éléments

 

Tempête dans un crâne.






Il advint qu'au premier jour, à l'aube des temps, les quatre éléments firent une réunion pour savoir lequel d'entre eux sera le plus important pour l'existence de tous les hôtes de la planète quand ceci feront leur apparition. Comme bien souvent, chacun d'eux voulut tirer la couverture à soi. Il n'y a pas que les humains à agir de la sorte. Il faut vous expliquer pour comprendre leurs propos que les éléments avaient pouvoir de divination et d'anticipation.


L'EAU se sachant source de toute chose prit la parole en premier. Elle prétendit qu'elle était indispensable à toute forme d'existence, que sans elle, rien ne serait possible ici-bas. Elle affirma encore que les premières formes de vie allaient naître en son sein. Elle acheva son argumentaire en précisant qu'elle recouvre 72 % du globe terrestre. Les trois autres reconnurent le bien-fondé de cette affirmation, vérité qui est d'autant plus irréfutable que dans l'avenir des monstres chercheront à en priver l'humanité ou du moins à se l'accaparer à leur seul profit. L'eau ne devrait jamais être un bien commercialisable.


La TERRE prit la parole en second ayant oublié son antériorité. Elle affirma tout de go que sans elle, rien ne pousserait ici-bas. Elle était indispensable à tous ceux qui voulaient prendre racine. Elle se prétendit seule nourricière, ce qui n'était pas juste pour les océans et les rivières. Elle ajouta encore que c'est de ses entrailles que les humains extrairaient les matières premières même s'ils en abuseraient lourdement. L'eau fit alors remarquer que sans les pluies ou bien l'arrosage, la terre devenait stérile. Il fallait bien admettre que l'un et l'autre avaient raison.


Le FEU voulut leur couper la parole d'une langue chargée de menace. Avec lui, la guerre menaçait toujours. Lui seul était capable de mettre tout le monde à sa merci, de détruire toute chose sur la planète. Des volcans aux orages, il était capable de réduire en cendres tout ce qui passait à sa portée. Ces rivaux lui rétorquèrent qu'en matière de destruction massive, ceux qui vont debout sur leurs jambes arrières feront bien mieux depuis. Ces propos eurent été l'étincelle qui déclencherait une querelle si l'eau n'avait apporté un peu de modération en prétendant qu'elle pouvait mettre le feu à la raison. La Terre à son tour prétendit aussi qu'elle pouvait l'étouffer également.


Le feu, fort mauvaise langue, échauffa les esprits en déclarant qu'il était le seul à pouvoir tomber du ciel. La remarque tourna court puisque l'eau évoqua la pluie pour lui couper la chique. La terre quant à elle, les prenant tous deux de haut, ne répliqua pas. Elle souhaitait que ce débat s’en tienne à des arguments plus terre à terre pour rester à la portée de tous.


L'AIR se tint coi, persuadé que le vent tournerait en sa défaveur. Plus sage, il ne voulait pas attiser les rivalités. À vrai dire, comme bien souvent, il ne savait pas quelle direction prendre. Mais le climat de tension entre ces trois-là le poussa néanmoins à prendre position. L'air, s'élevant vers les cieux déclara que lui seul pouvait faire tomber la pluie, attiser le feu, assécher la terre, gonfler les voiles des bateaux qui iront sur l'eau, attiser le feu sous la cendre, pousser les pollens pour ensemencer les cultures et apporter le souffle de la vie à toutes les créatures terrestres.


Tous reconnurent la pertinence de ses remarques. L'air par l'entremise du vent coupait court à toute querelle. La tempête avait été évitée de justesse. Pour se donner le meilleur rôle, l'air voulut faucher l'herbe sous les pieds aux trois autres en déclarant qu'il était libre d'aller où bon lui semblait, de souffler selon son bon vouloir en tous points et à tous instants.C'en était trop de cet orgueilleux qui ne manquait pas de lui-même.


Le soleil, grand frère du feu et astre indétrônable vint lui couper la chique. Il se présenta comme le seul maître de cérémonie. C'est par son action sur la terre et sur l'eau que des grands courants d'air chaud entrent en opposition pour déplacer l'air et provoquer le vent qui lui-même transporte les nuages qui feront pleuvoir. La Terre avait envie de préciser que par son entremise, forêts et montagnes étaient en mesure de briser le vent, tandis que l'eau avait le désir d'ajouter que petite pluie abat grand vent. Mais comme oser faire de l'ombre au soleil ou simplement l'éclipser dans cette conversation ?


L'orage grondait, il y avait de l'électricité dans une atmosphère chargée de lourdes menaces… Il était grand temps d'aplanir ce différend aussi stupide que stérile. C'est alors que le Temps entra dans la ronde. Son heure était venue de calmer tout ce joli monde. Sans lui, pas de vie sur Terre, d'eau dans les rivières ou dans l'atmosphère, pas de récoltes sur terre, pas de feu. C'est de lui seul que naquit la vie et son indispensable corollaire : la mort.


C'est lui qui est à l'origine de toute création ici-bas. Avant lui, c'était la nuit, après lui, il n'y aura plus rien. Eau, Air, Feu et Terre se tinrent cois. Le débat prenait une toute autre dimension. Bientôt il serait question de philosophie tandis que le risque était grand de voir surgir une divinité pour s'attribuer tous les mérites de la création. Il convenait à ces joyeux débatteurs de mettre un peu d'eau dans leur vin !


Le temps ne faisait que passer, ravi d'avoir ramené tout le monde à la raison. C'est alors que son cousin taquin, le temps qu'il fait, vint précipitamment semer la pagaille. Il souffla le chaud et le froid, déclencha l'orage, la tempête et la grêle, mit l'eau à la raison en la transformant en glace, gela la terre pour la rendre stérile puis lui imposa tant de souffrance qu'elle se fit désert. Le temps était manifestement totalement déréglé, incapable d'agir comme il l'avait fait jusqu'alors avec modération et prévenance. Il était pris d'une folie que lui avaient insufflée les humains.


Il roulait des épaules prétendant que lui seul était imprévisible en dépit de l'odieuse prétention des météorologues. Il venait d'apporter son grain de sel. Le dérèglement climatique avait de quoi mettre le feu aux poudres. Devant tant de fureur, il était urgent que l'harmonie se fasse entre tous ces éléments. Une intercétrice pouvait seule remettre un peu d'ordre dans ce qui était devenu totalement incontrôlable.


Une femme, plus sage que tous les hommes réunis, volant sur son balai de bouleau pensa utile d'apporter un peu de calme et beaucoup de quiétude à ce différend, vieux comme le monde. Elle s'appelait Paulette, elle avait un drôle de coucou Suisse sur l'épaule. Elle se posa au centre de ce conciliabule qui tournait vinaigre lui suggérant de mesurer le temps qui passe et de prévoir le temps qu’il fait pour que eau, air, terre et feu se mettent au diapason.


Elle leur proposa de construire un bel objet pour repérer d'où vient le vent. Ainsi chacun pourra prévoir le temps qu'il fera, s'il apportera de l'eau ou du froid, du feu ou de la glace. Quant au temps qui passe, si le soleil et la lune n'y suffisent pas, il conviendra de remettre les pendules à l'heure dans la maison.


La première girouette venait de voir le jour. Elle fut installée sur le toit du Monde, ce qui à vrai dire, n'était pas plus utile que d'y planter un drapeau. Bien vite, reprenant ses esprits, Paulette en fit le couvre-chef de nos toitures et là chacun peut s'en réjouir. Cette invention calma la controverse : rien n'était plus utile que de savoir d'où vient le vent. Paulette ne savait pas à l'époque que parfois le vent était capable de retourner bien des vestes. Mais ceci est une autre histoire.


Nos vents : Galerne de l'ouest – Galarne du nord-ouest – Norois du nord - Bise du nord est – Soulaire de l'est - Suet du sud-est – Forain du sud - Suroît ou Mer du sud-ouest la saluèrent bien bas. Paulette avait gagné tout les esprits et le vent pouvait être de la fête

 


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Des mots qui chantent

  Le Livret musical des souffleurs du vent       C ''Nabum est un conteur, chanteur, écrivain qui possède une excellent...