Cheval
Bien avant que de se prétendre à vapeur
Ce fidèle compagnon faisait notre bonheur
Avançant la tête haute, le vent en croupe
Pour que le bon paysan gagne sa soupe
Si par surprise il prenait le mors aux dents
Ce n'était que pour aller toujours de l'avant
S'il lui arrivait de ruer dans les brancards
C'était que l'un de nous avait fait un écart
Il se targuait de nous offrir bonne assiette
Pour le soldat tout comme la midinette
À cru pour qui faisait un régime sans selle
Ou en Amazon pour celles qui avaient des ailes
Consigné malgré ses services dans l'écurie
Il se couchait sur la paille, quelle incurie
Se contentait d'une ration d'avoine
Lui qui eut préféré brouetter les pivoines
Ainsi la plus belle conquête des humains
Se trouvait tenue par la bride, c'est vilain
En galopant vers la mort sous la mitraille
Sans que son courage lui vaille une médaille
Pour son labeur quotidien aurait mérité
Bien mieux embouché que ce vulgaire charretier
Et quant à traîner la lourde diligence
Il fallait toujours que ce fut dans l'urgence
Il remercia alors le bourrelier
Qui lui plaça autour du cou un collier
S'imaginant naïvement que ce bijou
Provoquerait autour lui bien des jaloux
Ce n'était hélas pas mieux que l'infâme joug
Que ses compères les bœufs supportaient dans la boue
Pauvres bêtes de somme à la triste besogne
Que les laboureurs exploitaient sans vergogne
Devant cette redoutable course d'obstacles
Le cheval rêva un moment d'un miracle
Quand on fit de lui une mesure fiscale
Une farce tout autant qu'une cabale
La crise de l'énergie rompit l'illusion
D'une existence oisive pour le canasson
Sans plus tarder il reprendra le collier
Pour travailler à nouveau pour le voiturier
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