vendredi 20 novembre 2020

Châtaignes dans les bois …


Le patrimoine disparu.


    L’automne apporte son lot de petites réminiscences de l’enfance. La sortie aux champignons, la chute des feuilles dont quelques beaux spécimens finissaient dans le cartable pour une activité quelconque : peinture ou bien sciences naturelles comme on disait alors, la grillée de châtaignes autour d’une boisson chaude et de quelques histoires. À chaque fois, revient en mémoire cette belle comptine d’alors :



Colchiques dans les prés


Colchiques dans les prés 
Fleurissent, fleurissent 


Colchiques dans les prés 
C'est la fin de l'été

 
La feuille d'automne 
Emportée par le vent

 
En rondes monotones 
Tombe en tourbillonnant 



Nuage dans le ciel 
S'étire, s'étire 


Nuage dans le ciel 
S'étire comme une aile 


La feuille d'automne 
Emportée par le vent

 
En rondes monotones Tombe en tourbillonnant 



Châtaignes dans les bois 
Se fendent, se fendent 


Châtaignes dans les bois 
Se fendent sous nos pas 


La feuille d'automne 
Emportée par le vent 


En rondes monotones 
Tombe en tourbillonnant 



Et ce chant dans mon cœur 
Murmure, murmure 


Et ce chant dans mon cœur 
Murmure le bonheur 


La feuille d'automne 
Emportée par le vent 


En rondes monotones Tombe en tourbillonnant

 
La feuille d'automne 
Emportée par le vent

 
En rondes monotones 
Tombe en tourbillonnant


    Chantant ces paroles en fin de soirée lors d’un spectacle, je me rendis compte, abasourdi que rares étaient ceux qui parmi les adultes présents se souvenaient des paroles dans leur entièreté. Aurions-nous à ce point effacé notre patrimoine culturel pour faire place dans nos mémoires si peu actives, à des informations éphémères et sans importance ? Poussant la chansonnette plus loin, j’entamai un trois jeunes tambours qui sonna creux dans l’assistance. La fille du roi avait sans doute perdu la tête lors de la Révolution numérique.



Trois jeunes tambours


Trois jeunes tambours s'en revenaient de guerre (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan.
S'en revenaient de guerre !

Le plus jeune a - dans sa bouche une rose (bis)
Et ri et ran, ran pa ta plan.
Dans sa bouche une rose !
La fille du roi était à sa fenêtre (bis)
® + Était à sa fenêtre !
Joli tambour, donne-moi donc ta rose (bis)
® + Donne-moi donc ta rose !
Fille du roi, donne-moi donc ton cœur (bis)
® + Donne-moi donc ton cœur !
Joli tambour, demande-le à mon père (bis)
® + Demande-le à mon père !
Sire le roi, donnez-moi votre fille (bis)
® + Donnez-moi votre fille !
Joli tambour, tu n'es pas assez riche (bis)
® + Tu n'es pas assez riche !
J'ai trois vaisseaux dessus la mer jolie (bis)
® + Dessus la mer jolie !
L'un chargé d'or, l'autre de pierreries (bis)
® + L'autre de pierreries !
Et le troisième pour promener ma mie (bis)
® + Pour promener ma mie !
Joli tambour, dis-moi quel est ton père (bis)
® + Dis-moi quel est ton père !
Sire le roi, c'est le roi d'Angleterre (bis)
® + C'est le roi d'Angleterre !
Et ma mère est la reine de Hongrie (bis)
® + La reine de Hongrie !
Joli tambour, tu auras donc ma fille (bis)
® + Tu auras donc ma fille !
Sire le roi, je vous en remercie (bis)
® + Je vous en remercie !
Dans mon pays y en a de plus jolies (bis)
® + Y en a de plus jolies !


    Inutile de vous dire que les quelques enfants présents ignoraient tout des paroles qui pourtant étaient connues de tous dans un passé pas si lointain quand la population faisait nation en disposant d’un patrimoine commun. Il y a bien des chansonnettes qui faisaient alors lien social, réunissant le temps de quelques notes, ceux qui avaient encore quelque chose à partager. Qui se souvient maintenant de Jeannette qui pleure son amoureux pendu ou de la belle fille qui aime le petit cordonnier ?



Aux Marches Du Palais

 

Aux Marches Du Palais
Aux Marches Du Palais


Y a une tant belle fille lon la 
 Y a une tant belle fille

Elle a tant d'amoureux (bis)
Qu'elle ne sait lequel prendre lon la (bis)

C'est un petit cordonnier (bis)
Qu'a eu la préférence lon la (bis)

Un jour la lui chaussant (bis)
Il lui fit sa demande lon la (bis)

La belle si tu voulais (bis)
Nous dormirions ensemble lon la (bis)

Dans un grand lit carré (bis)
Couvert de toile blanche lon la (bis)

Aux quatre coins du lit (bis)
Un bouquet de pervenches lon la (bis)

Dans le mitan du lit (bis)
La rivière est profonde lon la (bis)

Tous les chevaux du roi (bis)
Pourraient y boire ensemble lon la(bis)

Et nous y dormirions (bis)
Jusqu'à la fin du monde lon la (bis)


    On peut, si on ne veut pas faire chou-blanc, chanter la ritournelle de Zorro qui trouvera bien quelques personnes se souvenant de la chanson qui accompagnait le générique. Pour le reste, chaque génération dispose de son petit lot de chansonnettes qui signalait des séries ou des dessins animés de l’époque. La fragmentation de la mémoire a fait son œuvre pour diviser toujours plus un peuple malléable à merci.


    Cette  volonté de redonner à la mémoire commune, un repertoire de comptines que l’on pensait éternelles sera perçue pour le mieux avec ironie et plus sûrement avec un total désintérêt par les tenants de la mondialisation abrutissante et aliénante. C’est si vrai que dans nos stades d’inculture générale, quand la foule encourage l’équipe nationale, elle n’a d’autre ressource que de beugler une Marseillaise si déplacée dans une telle enceinte.


    Nos amis anglais nous donne la leçon en entonnant des grands chansons traditionnelles tandis qu’il me revient en mémoire la réflexion que souvent des amis québecois me firent en écoutant mes contes et mes chansonnettes : « Toi, t’es un cousin. Pas étonnant qu’ici, ils ne puissent pas te comprendre. Les Français ont bradé leur langue et leur culture ! »


    Voilà pourtant une manière simple de redonner corps à cette nation en partageant une petite dizaine de comptines que nous serions tous capables d’entonner en chœur. En chœur ! Quel plus beau mot pour signifier le partage, la solidarité, la communion, la fraternité. Des notions il est vrai, totalement incompatibles avec l’idéologie que nos dirigeants nous imposent pour le seul profit d’un système qui nous conduit vers le néant.

    Enchantement vôtre.



Ne pleure pas, Jeannette


Ne pleure pas, Jeannette,
Tra la la la la la la la la la la la la,
Ne pleure pas, Jeannette,
Nous te marierons
Nous te marierons
 
Avec le fils d'un prince, ® (bis)
Ou celui d'un baron (bis)

Je ne veux pas d'un prince ® (bis)
Je ne veux pas d'un prince  (bis)

Je veux mon ami Pierre ® (bis)
Celui qu'est en prison  (bis)

Tu n'auras pas ton Pierre ® (bis)
Nous le pendouillerons  (bis)

Si vous pendouillez Pierre ® (bis)
Pendouillez avec  (bis)

Et l'on pendouilla Pierre ® (bis)
Et sa Jeannette avec  (bis)

Sur la plus haute branche ® (bis)
Un rossignol chantait (bis)

Il chantait les louanges ® (bis)
De Pierre et de Jeannette  (bis)



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