vendredi 1 janvier 2021

C'est pas un cadeau

Signe des temps de décadence …

 

 



Il ne reste plus qu'une journée pour faire ce cadeau indispensable qui vous placera du bon côté de l'humanité, celui des gens qui dépensent pour compter aux yeux de leurs semblables. Fièvre absurde de l'homo-consumériste qui vous oblige à aller en tous sens à la quête de l'achat original, inutile et encombrant ! La taille jouant bien souvent un rôle inversement proportionnel à l'affection réelle que l'on porte au récipiendaire.


Le cadeau s'emballe. C'est une nécessité vitale, du papier coloré, des rubans étincelants, quelques bouclettes et une jolie étiquette. Au cœur de ce monde de l'apparence, la quantité de papier, de carton, de copeaux et de bulles est un signe tangible de reconnaissance. Plus vos poubelles vont dégueuler leur content d'emballage, plus vous serez un individu important et considéré par votre entourage.


Qu'importe si au lendemain de cette vaste foire aux hypocrisies, les sites spécialisés vont être saturés de propositions de vente. Désormais, on se débarrasse au plus vite du cadeau encombrant, du cadeau qui déplaît, du cadeau qui se répète. On brade ce qui était censé vous toucher, on met aux enchères à vil prix ce qui ne devait pas avoir de prix. C'est la seconde manche de la farce et celle-ci se passe aisément de papier kraft.


Vous vous offusquez de cette présentation sommaire et sans doute mal-pensante de ce moment si cher à vos yeux. Vous avez bien raison de mal la supporter . Elle vous met le nez dans vos pauvres comportements mercantiles. À quoi sert cette folie acheteuse ? Avons-nous vraiment besoin de nous embarrasser de toutes ces babioles inutiles, de ces objets aussi laids que vains qui encombrent désormais les vitrines et les marchés de Noël ?


Quand une bonne moitié de l'humanité manque encore du nécessaire, non contents de nous goinfrer sans vergogne, nous aimons à jeter le pognon par la fenêtre en faisant croire qu'il est entré aussi par la cheminée. Ce temps de l'abondance et des grimaces me semble insupportable quand il y aurait tant à faire pour échapper à la catastrophe annoncée.


La belle et grande magie Noël peut se passer de ces cadeaux de circonstance, de ces achats vides de sentiments et de nécessité. Offrez votre présence si elle est sincère, offrez votre temps et votre cœur. Épargnez-vous les magasins bondés, les chalets idiots, les queues sans fin et l'énervement qui va avec. Noël n'a pas besoin de cette montagne de paquets sous le sapin. Le nombre et le volume ne font rien à l'affaire …


Venez les mains vides et n'en ayez pas honte. En tout cas, c'est ainsi qu'il faudra venir chez moi. Pas besoin de faire semblant, pas besoin d'artifice. C'est ailleurs que se joue le message des croyants et des non-croyants. Le partage se moque éperdument des étiquettes et des tiroirs-caisses. L'amitié ou l'amour, les liens du sang se moquent de cette folie.


Cessez donc enfin de suivre toutes les injonctions de la publicité, des médias et des prescripteurs de nos vices inventés. Oubliez votre porte-monnaie, les marchands, les lampions et les sirènes du factice. Faites-vous le cadeau de l'absence de cadeau, offrez l'essentiel et abandonnez l'illusion du bonheur par l'achat.


Fuyons la fièvre acheteuse et ses grimaces, revenons au dépouillement ! Dépouillement qui n'est pas une tare, mais une nécessité. La simplicité, la sobriété, la tempérance, la raison ne sont pas des idées absurdes. Ce sont même les seules voies de la survie de notre espèce. Boutez le modèle qu'on vous a inculqué à coups de mensonges, d'annonces fallacieuses et de publicités insidieuses. Surtout, cessez d'inoculer aux enfants ce délire qui les mène à leur perte. Pensez Noël autrement qu'en faisant la queue dans les magasins. Tuez ce maudit père Noël, invention d'une société qui a échoué en tout. C'est le seul cadeau qui nous soit nécessaire !


Sobrement vôtre.


 

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