samedi 16 octobre 2021

Deux fables pour un photographe

 

L'aigrette et le lapin





Une aigrette qui faisait la coquette

Un matin, s'amouracha d'un lapin

Le brave rongeur en son petit cœur

D'un même mouvement, l'aima autant


Pour la fillette, c'est une amourette

Le garenne ne la trouve pas vilaine

Les deux amants, s'unissent en cet instant

Mais l'un est sur terre, quand l'autre est en l'air


Qu'il ait quatre pattes, cela l'épate

Qu'elle ait des ailes, le rend fou d'elle

Lui si rapide, la rend avide

Elle si blanche, c'est sa revanche


Pour leur foyer, hélas, c'est pas gagné

Un terrain d'entente, idée navrante

Le terrier qu'il lui fait point ne lui sied

Elle accorde son nid, il la renie


Les différences, c'est une évidence

Vous attirent puis deviennent soupirs

Le pauvre lapin restera terrien

La gentille aigrette, une girouette


Elle reprend son vol, elle n'est pas folle

Lui tourne le dos, il n'aime pas l'eau

Le rêve passe, l'amour trépasse

Le cliché demeure c'est sa grandeur ...



Une aigrette qui faisait la coquette

Un petit matin, croisa un lapin

Le brave rongeur si plein de stupeur

La fixa tendrement un bref instant




L'écureuil et la pomme





Un écureuil roux las de faire des réserves

Décida dans l’instant qu'il fermerait son compte

Lassé d’accumuler des noisettes en conserve

Son banquier toujours augmentant son taux d’escompte


Il réclama l’usage d’un conte courant

Espérant l’intervention d’un Bonimenteur

Pour que sans nul agio l’espace d’un instant

Il lui trousse quelques alexandrins flatteurs


Sans plus tarder le mauvais versificateur

Examina son dossier à la racine

Au cœur de la grande dépression des valeurs

Le talon ferait bien souche dans la sapine


Mais l’écureuil n’entendant rien à ce jargon

Voulut qu’on lui consentît un retrait à vue

C’est en petites coupures qu’un Harpagon

Scia son bel arbre ; il était de la revue


Une cliente trouve l’animal trognon

Et sort de sa besace une superbe pomme

Voilà qui te revient de droit mon doux mignon

A la condition de savoir être économe


Ne pose surtout pas ce succulent fruit rouge

En équilibre là sur ta petite tête

Qu’un énorme coup de vent fasse que tu bouges

Crains de Guillaume la redoutable arbalète


Et l’écureuil retient le précieux conseil

Décide de geler son merveilleux avoir

Beau trésor ne tombe pas dans une corbeille

Je m'en vais te cacher tout au fond de la Loire




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Versons une petit lame

  Pauvres couteaux Versons une petit lame Pour tous que nous avons perdus À chaque fois ce fut un drame Ô pauvres comp...