lundi 31 août 2020

La tête me tourne …



Étrange manège entêté.



Mais que m'arrive-t-il ce matin ? Je manque d’air depuis quelques jours sous le masque. J'ai la tête qui tourne ! Sans force, fatigué, je suis tout chose. Moi qui pensais l'avoir bien ancrée sur les épaules, je découvre qu'elle n'en fait qu'à son idée. Une tête de cochon qui n'a pas de tête, ne peut agir sans raison. Quoique ! La mienne est indépendante,  je la crois avec moi quand elle est ailleurs.

Il faut croire que ma tête a mal tourné. À force de se payer ma tronche, elle a acquis une manière bien à elle de se gausser de moi, de m'en faire voir de toutes les couleurs. Plus elle tourne, plus entre elle et moi, le ton monte. Nos échanges prennent alors un tour assez désagréable. Des prises de bec au belles engueulades, l'invective s'immisce dans notre tête à tête. Pour mettre un terme à la querelle, je crie à tue-tête sans jamais atteindre ma cible !

Une tête pareille, je ne le vous souhaite pas. Vous ne pouvez imaginer les tourments qu'elle me fait supporter. La diablesse est dure au mal, elle se moque que je la cogne contre les murs pour la ramener à la maison ou à la raison. Voilà du reste une contrée qui lui est tout à fait inconnue. Tête folle, elle vagabonde, virevolte, s'offre des escapades dans la Lune, marche sur des œufs ou sur elle-même et me joue de vilains tours de cochon. Je crains que la dame soit écervelée, la belle affaire que voilà !

Nous avons parfois des moments d'accalmie. Ma tête se montre alors aimable, me fait des politesses, opine aimablement à mon approche. C'est dans ces circonstances qu'elle est la plus retorse ! C'est qu'elle a une idée derrière elle-même et qu'une fois encore je serai la victime des ses facéties. Je reste sur mes gardes, j'attends avec inquiétude ce qu'elle sortira de son chapeau.

Toujours pourtant, elle me prend au dépourvu. J'ai beau l'avoir pliée, creusée, piochée, bêchée, baissée, levée, tournée dans tous les sens pour anticiper son entourloupe, elle a plus d'un tour dans sa capuche ! Ma caboche se jette à la tête de quelqu'un sans que je puisse esquiver le coup. Prise de tête, querelle qui tourne au vinaigre, déluge de grimaces, avalanche de gros mots, la vilaine me place à chaque fois dans une situation embarrassante.

Je dois vous avouer qu'elle a la déplorable assuétude entêtante de s'en prendre à nos amis les turcs. Que faire dans un cas pareil ? Est-ce parce qu'un jour j'ai voulu lui mettre martel en tête ? Est-ce une fâcheuse interprétation de ses lointains cours d'histoire ? Toujours est-il que je n'en mène pas large. Je me confonds en excuse, je baisse la tête et demande pardon. Trop tard, le mal est fait, ma mauvaise tête a encore sévi.

Parfois, il me vient de idées noires (quoique désormais les têtes bien pensantes voient dans cette expression une réminiscence d’un passé désastreux). J'ai envie de donner ma tête à couper. Comme elle est de bois, il doit bien se trouver un menuisier pour remplir cette œuvre salutaire. L'artisan me regarde, me fixe un prix à la tête du client. J'accepte volontiers ses conditions, il me tarde de me débarrasser d'elle. L'homme se met en besogne et satisfait à ma demande. Je pensais être soulagé, mais les lois du commerce sont incontournables, il me l’apporte ma tête sur un plateau. J'ai payé ce service, ma tête me revient de droit.

Alors, la tête sous le bras, je m'en retourne penaud chez moi. J'ai une impression curieuse, il se passe quelque chose d'anormal. Dans la rue, les gens détournent la tête quand je les croise. Certains tournent de l'œil quand d'autres s'arrachent les cheveux. Je dois avoir pris la tête des mauvais jours. Je donne ce fardeau au premier venu. Celui-ci, surpris, la regarde dans tous les sens et finit par la mettre à l'envers. Il s'en va sans me remercier chargé de ma tête.

Maintenant que j'ai la tête ailleurs, elle finit par me manquer d’autant plus que je ne sais plus où me mettre le masque. Je dois faire amende honorable pour qu'elle me revienne. Cette fois, je lui ferai un bel accueil. Plus question de lui tourner le dos. Où ai-je ma tête ? Retrouverai-je un jour tous mes esprits ? J'en doute et vous laisse méditer sur cette histoire sans queue ni tête !

Cérébralement vôtre


dimanche 30 août 2020

Du con en général.



L'insulte par excellence.



Un homme qui se prenait pour le roi avait remis à l'honneur une insulte sommaire certes mais diablement efficace. Des réflexions en chaînes ont parsemé spontanément mes interrogations existentielles. Le persiffleur déchaîné se devait de clouer le bec à ce vilain petit canard de la politique hexagonale.

Le Con dans la bouche de sa majesté d’alors est revenu au premier plan du vocable excrémentiel. Ce Con, cependant est rarement seul, cette appellation saint le plus souvent flanquée un adjectif qui lui donne tout son relief et sa force. Plus même, l'adjectif fixe encore plus sûrement la psychologie de l'insultant qu'il ne détermine véritablement la nature exacte du Con susnommé.

Nous pouvons constater qu'il existe des doublons jumeaux, des assemblages symétriques, des attelages indissociables sur le pilori de l'ignominie. Le Con aime les mariages, c’est dans sa nature diront les tenant de l’ordre moral.

Ainsi le Petit Con côtoie immanquablement son compagnon préféré, le grand Con. Tous les deux sont placés dans un registre où la bienveillance domine. On les pense affables, on les croit sympathiques. Quoique ! Le César d'opérette d’alors, roi des castagnettes et des claquements de doigts nous insista à nous méfier de plus en plus du premier adjectif ; celui qu'il ne faut pas prononcer en sa présence au risque immédiat d'être à votre tour toiser. Ce simple qualificatif explique sans aucun doute, les rêves déments de grandeur des petits hommes qui accèdent au pouvoir. Ceux-là ont toujours des rêves de grandeur à la con.

Il y a également un couple qui nous place sans ambiguïté d'un côté ou de l'autre d'une frontière temporelle avec laquelle nous ne pouvons pas grand chose : le jeune Con a le temps pour lui et son adversaire, son double obscur : le vieux Con, ne dispose plus que de cette expérience qui ne se partage jamais. Ces deux la sont toujours en opposition, on désigne généralement cette séparation lexicale par l'expression : « Le conflit des générations »

Puis arrivent les adjectifs autonomistes, ceux qui s'imposent tant à nos bouches haineuses qu'ils envoient aux oubliettes de l'anathème leurs antonymes habituels. Au premier rang d'entre eux, largement dominateur dans nos sociétés d'opulence, s'impose à nous tous l'outrancier et diffamant Gros Con. Celui-là vous met immédiatement du mauvais côté de l'humanité, celui des porteurs de Rolex, des possédants insensibles, des décideurs sans cœur, des préfets comme des hooligans de nos stades de football. Le Gros Con semble s'enorgueillir de cette désignation qui le place bien au dessus de tous les autres. Mais, comment interpeller les autres, si nombreux face à cette noblesse de la connerie ? Mince Con ne sonne ni à l'oreille ni à la métaphore. Maigre Con ne respire ni la santé ni la bonhomie. Le Gros Con est bien seul sur une planète qu'il compte bien l'exploiter jusqu'à la corne avant de tirer sa révérence dans un 4x4 rutilant.

Un autre solitaire et c'est heureux, appartenant sans doute à la même catégorie socio-cultuelle (je m'interroge sur la dimension culturelle) que le précédent, plus pourri encore, si c'est possible, est cette exceptionnelle Sale Con qui paraît si décisif qu'il n'y a rien à ajouter. On n'envisage même pas l'existence de son contradicteur , le propre ou le net, l'immaculé ou le vierge !

Enfin, vient celui que César avait placé au pinacle de la déchéance. Notre Pauvre Con qui n'y peut mais. Car enfin, de quel métal faut-il être fait pour penser que la pauvreté est une tare. N'est-elle pas indispensable aux gens de son acabit, de son monde qui ne pense qu'à une chose : s'enrichir ! Ceci ne peut se réaliser qu'en laissant sur le carreau une multitude de confrères, de pauvres cons, de simples et honnêtes gens comme vous, comme moi.

Voyez-vous, ce petit voyage en connerie nous a permis de mieux comprendre les rouages de cette mécanique de précision que constitue la belle insulte. La richesse de vocabulaire honore celui qui la maîtrise et nous ne pouvons que nous incliner devant notre maître à tous : Le Roi des Cons !

Connement vôtre.
 à écouter ici
https://www.dailymotion.com/video/xd8jfi 

samedi 29 août 2020

Le Saint Augustin


Le Bateau livre …



    En ce temps-là, à Blois, la belle cité construite autour de son château se souvenait qu’elle avait été autrefois le siège de la Bibliothèque Nationale. Des générations d’imprimeurs libraires fiers de ce passé glorieux, mettaient sous presse des livres qui étaient transportés par la Loire. Jean, un jeune marinier, matelot à bord d’un petit fûtreau, Le Saint Augustin, était spécialisé dans le transport des livres venait se fournir chez Estiennes Charles, imprimeur royal, Grande Rue à Blois. C’était une messagerie d’avant l’heure.

    Si cette cargaison n’était pas très lourde, les quantités alors n’exigeant nullement des volumes importants, il y avait bien des précautions à prendre car comme chacun sait, le livre ne goûte guère à l’humidité, chose fort répandue sur un bateau. C’est donc avec moult précautions et des dispositions spécifiques d'emballage que se faisait le transport de la précieuse cargaison vers les quelques librairies ligériennes.

    Nous sommes dans la France d’Ancien Régime, l’achat d’un livre demeure un privilège. Les libraires vendent leurs ouvrages surtout à ceux qui ont de l’argent en plus de savoir lire. La lecture  diffuse également dans le peuple grâce à quelques colporteurs qui portaient le livre dans les campagnes.

    Le commerce du « Saint Augustin » était particulier. Peu de voituriers se seraient lancés dans une activité  aussi spécifique. Monsieur Paul, le patron, était un amoureux de la lecture. C’est ainsi qu’il joignait l’utile à l’agréable en faisant métier du transport des livres. Les imprimeries royales se trouvaient alors à Bourges, Châteaudun, Blois, Rennes et Lyon. Le voiturier était en relations commerciales avec ce réseau afin de fournir des ouvrages aux libraires dans les grandes villes de Loire où venaient également  se fournir également les colporteurs.

    Le plus connu de ces diffuseurs du livre était Noël Gilles dit Pistole qui avait une charrette tirée par deux chevaux qui était le véritable bibliobus de l’époque. Il allait de Montargis à Gien, de Gien jusqu’à Étampes, fréquentant toutes les grandes foires, la foire des Cours, celle de la Saint Aignan ou de La Maille d’or, vendant des livres religieux, des classiques avec Montaigne, Voltaire ou bien Rousseau mais aussi des romans comme « Robinson Crusoé », « Le diable boiteux » ou bien « Le paysan parvenu », les succès de l’époque. Il mériterait bien qu’on raconte son histoire, même si celle-ci n’est pas la nôtre aujourd’hui.



    Monsieur Paul transportait avec un immense soin des livres qu’il se faisait un malin plaisir à lire pendant le voyage tandis que Jean, son matelot était à la manœuvre. C’est Jean qui portait aux libraires leurs commandes tandis que son patron ne quittait jamais son embarcation, toujours plongé dans un roman qu’il devait achever avant que d’arriver à son destinataire. Jean aimait à se dégourdir les jambes. Il avait des habitudes avec les libraires, chez l’un, il buvait un café, chez l’autre c’était un alcool de prune, chez le troisième un verre de blanc. Il discutait quelques minutes puis s’en retournait bien vite sur le Saint Augustin, un curieux nom qui venait de celui qui avait imposé la lecture silencieuse supplantant alors la lecture à haute voix.

    Jean aurait aimé que son patron lise à haute voix, il en aurait profité un peu mais au lieu de quoi, il partageait son existence avec un homme qui ne lui parlait jamais. Il lui en voulait d’autant qu’il avait un secret qu’il ne lui avait jamais avoué. Il fallut un concours de circonstances pour que Jean se trahisse et que son existence bascule.


    Le colis du jour était destiné à La Librairie Nouvelle d’Orléans, une maison fondée en 1545, c’est vous dire si elle était connue sur la place. Ce jour-là, Monsieur Paul était justement plongé dans la lecture de Robinson Crusoé. Il n’avait nulle envie de sortir de cette aventure passionnante. Il suivait avec enthousiasme les péripéties rocambolesques, tremblait pour le héros. Plongé qu’il était dans ces pages, il était incapable s’intéresser à son compagnon. Jean toussa pour attirer son attention. L’autre, au lieu de lui parler comme à l’ordinaire lui indiqua d’un geste, le colis à livrer.

    Jean, sentait l’humiliation monter en lui. Il patienta, tourna, rangea un bout, refit soigneusement les nœuds d’amarrage sans que son patron ne daigne s’occuper de lui. Ce manège dura de longues minutes jusqu’à ce que soudain Monsieur Paul s'irrite de ne pas le voir filer.

    « Qu’as-tu donc à te berdiller de la sorte ? Tu devrais déjà être revenu. La librairie n’est pas si loin de la Loire. Que fais-tu grand nigaud à te berlasser au lieu de faire le travail pour lequel je t’appointe ? » Jean, à sa plus grande honte dut lui avouer qu’il ne savait pas lire. Il le fit, les larmes aux yeux d’une manière si touchante que Monsieur Paul en fut bouleversé.




    Cet homme,  indifférent à tout ce qui se passait autour de lui : le temps qu’il faisait, les conditions de navigation, les bateaux de rencontre …,  cet homme qui passait sa vie, plongé dans les livres, comprit soudain que son plaisir était inaccessible à celui qui partageait son existence. Tandis que Jean livra le colis, son patron  héla les calfats de la cale voisine pour sortir le fûtreau hors de l’eau. Puis Monsieur Paul se mit à gratter la devise de son bateau. Il effaça son nom : le Saint Augustin et inscrivit un nouveau patronyme: « Le Bateau Livre ! ». Jean, de retour de sa course demanda une explication.


    Monsieur Paul lui jura que désormais il lirait à haute voix les histoires qui peuplaient ses journées tant que Jean n’avait pas appris à lire. Puis ils remirent le Bateau Livre à l’eau ! Ils avaient livraison à accomplir à La Charité sur Loire.

    De ce jour, Monsieur Paul s’arrêtait une heure avant le coucher du soleil pour prendre le temps d’apprendre à lire à Jean. Son matelot fut un élève attentif et studieux d’autant plus la lecture à haute voix lui avait fait découvrir un plaisir dont il ignorait tout.

    Jean devint rapidement lecteur. Il lui fallut plus de temps cependant pour acquérir la technique nécessaire pour à son tour lire à haute voix. Quand cela fut le cas, à tour de rôle l’un des deux lisait tandis que l’autre était à la manœuvre. Jamais on ne vit sur la Loire, bateau plus curieux que celui-ci. Les mariniers qui croisaient cet étrange équipage avaient des impressions mitigées. Les uns les prenaient pour des fous, les autres souriaient et les enviaient.

    Le Bateau Livre continua son périple. L’époque n’était pas encore à la mode des romans fleuve, pourtant c’est bien sur la Loire qu’on pouvait entendre déclamer des aventures fabuleuses. La lecture libère les esprits, elle les ouvre à de nouveaux horizons. Un vent de liberté soufflait sur la rivière et dans tout le pays. Il n’était pas rare qu’aux escales, un attroupement se fit autour du Bateau Livre quand Jean puis Paul lisaient à tour de rôle une histoire pour le bonheur de ceux qui étaient venus à leur rencontre. Ils se firent passeurs de la lecture. Le siècle des lumières avait trouvé son fanal.

    Oralement leur.



vendredi 28 août 2020

Nostalgie en roue libre.

En mon Village d’en-France.
 



  
    J’ai grandi dans un environnement dédié à la petite reine tout autant qu’à la déesse automobile. Tout ce qui circulait avait droit de cité. C’est curieusement ce qui me poussa sans doute à me détourner de ces moyens de locomotion pour enfourcher la moto. Il faut croire que les chemins de la destinée sont peuplés de nids de poule.

    Qui m’a poussé ainsi vers les deux roues motorisées ? J’ai comme l’impression que c’est notre inénarrable coursier Joseph Stanika avec son scooter blanc qui distribuait les magazines et les revues. Il arrivait à tombeau ouvert, le récit de ses facéties et de ses folles bordées avec son collègue Raymond la cloche précédant le bonhomme, la tête revêtue d’un curieux casque en cuir toujours de travers et porteur de son éternelle canadienne. Il avait le dérapage aisé, au propre comme au figuré et participait plus que tout autre au folklore local. Lorsque le collège était encore dans les préfabriqués, notre brave Joseph avant que d’achever sa journée rond comme une queue de pelle, venait allumer les poêles à fuel dans chaque classe.

    Je vous l’ai déjà raconté, mon village était alors le siège de l’usine de cycles Helyett. Le vélo trônait en majesté dans la cité, chaque quartier disposant de sa course, grand moment de fête. Pour moi, c’était la ronde infernale de Saint François qui provoquait mon attente fébrile. Immuable déroulement, la course se déroulait sur un circuit urbain de 1 kilomètre à deux pas de chez moi. Elle était commentée par mon voisin, l’épicier Pelé dont le fils champion régional de cyclo-cross tentait de faire bonne figure.

    Les saillies de l’animateur plus à l’aise derrière une balance que devant un micro, ses réflexions drolatiques tout autant que ses approximations devant la langue contribuaient grandement à un spectacle dont le suspens n’était guère la caractéristique majeure. L’arrivée se réglait le plus souvent au sprint tandis que les primes nous avaient régalés des annonces du père Pelé et de quelques coudes à coudes dérisoires. Les jours suivants, les gamins dont je faisais naturellement partie, en dépit de la circulation, prenaient la place des champions. Nous ne cessions de tourner en boucle sur ce parcours en forme de trapèze

    À quelques encablures de là, le garage Fauguoin était le point de ralliement des amateurs de karting. Les engins pétaradaient sur le boulevard lorsqu’ils passaient à la révision où à la réparation avant que d’aller tourner eux aussi en boucle, sur la piste en contre bas de la Sange, juste derrière le Parc. La construction d’un stade allait mettre à mort la piste et le karting disparaissait à jamais de nos préoccupations tandis que le garage ne se remettait pas de cette trahison.

    L’automobile résista plus longtemps. Il est vrai que Sully était son temple avec les forges Simca mais aussi grâce au garage Auger, collecteur improbable de Panhard et d’énormes engins à chenilles ou à roues. Il y avait un mystère autour d’un homme qui voyait passer plus de véhicules que de clients. Qu’importe, son garage fleurait bon l’étrangeté. J’adorais y jeter un œil sans avoir jamais eu le courage de franchir son seuil. Aujourd’hui, un contrôle technique a pris la place.

    L’auto avait son terrain de jeu, une fois l’an sur le Champ de foire, mon terrain de jeu d’alors, ce Boulevard qui faisait face à la boutique de mes parents. Durant tout un week-end, des voitures bariolées, porteuses de gros numéros inscrits dans des cercles blancs, striées le plus souvent de bandes horizontales, se mesuraient à grands coups de glissades sur la terre battue puis l’asphalte d’un gymkhana aussi court que spectaculaire. Le choc pétrolier n’avait pas encore eu raison de ce loisir onéreux.

    Quant à moi, je fréquentais assidûment le réparateur de cycles et motocycles, l’impayable Charlot à qui j’en faisais voir de toutes les couleurs. Incapable de changer un pneu et quoique ce soit d’autre, je ne cessais de venir le déranger après avoir martyrisé mon coursier bleu puis ma 104 Peugeot. Mes parents avaient certainement dû prendre un abonnement chez ce brave artisan qui me recevait toujours avec un sourire narquois au coin des lèvres.

    Voilà un petit voyage à deux ou quatre roues dans le passé lointain d’une commune où il faisait bon vivre. La roue tourne, le temps a effacé ces souvenirs que je m’efforce de glisser sur un papier jauni pour qu’il ne meure pas tout à fait.

    Transportement vôtre.

jeudi 27 août 2020

Les Arènes d’Orléans



De l’abreuvoir à l’Aréna



Il y eut à Orléans un théâtre antique, des arènes qui devront laisser place dans l’esprit des orléanais à une construction pharaonique : l’Aréna pour abriter les dieux du stade et du monde du spectacle. Un A majuscule qui fait la différence sans doute tout comme la lettre finale et ce plagiat patronymique en référence à l’Orléans Aréna de Las Végas. Prenant conscience de la confusion, la chose prend de la hauteur pour annoncer quelques malheurs financiers et devient la Co’Met. Au jeu de la roulette, les 10 000 spectateurs de ce projet effaceront les vestiges d’un passé trop lointain.

Si la première construction laissa place bien plus tard à un abreuvoir, la seconde relève davantage du puits sans fond. Mais l’essentiel est de donner du pain et des jeux aux contribuables toujours mis à contribution. Même si comparaison n’est pas raison, mesurons la vacuité de toute chose à l’aulne du passé ...

Le théâtre antique date du premier siècle de notre ère. Il est en bois et se love à l’extrémité orientale de la cité romaine, à deux pas de la Loire sur la rive droite. Les fouilles ont laissé apparaître les murs curvilignes supportant les gradins. Puis, un siècle plus tard, les occupants construisent en dur, bien décidé qu’ils sont à rester vivre dans notre Val. Un vomitoire est attesté, non pas pour y évacuer le trop plein de vin de Loire mais pour laisser le public accéder aux gradins même si en cette lointaine époque la vente de l’alcool n’était pas prohibée dans les stades.

L’arène n’a rien à envier à la future Aréna. La mégalomanie ne date pas d’aujourd’hui. L’édifice est vaste, un diamètre de plus de 100 mètres dont 38 mètres pour la fosse centrale. Les éléments décoratifs en dur ont été vraisemblablement éparpillés quand ce lieu de culture ne fut plus qu’une carrière de pierre. Il y eut sans doute une pandémie pour justifier pareil désastre... Certains furent retrouvés en bord de Loire cependant lors de l’aménagement du port. C’était des pavés en calcaire cristallin très dur venant de Beauce tout comme le blé pour financer tout ça. Des blocs moulurés attestent de la volonté d’esthétisme à l’époque.

En raison de ses dimensions et de sa forme, le théâtre suppose une grande surface libre pour son implantation. Il est donc à la périphérie de la cité. Le théâtre est constitué de trois parties inscrites dans un demi-cercle : les accès et les gradins (cavea), l'orchestre, la scène. Scène et une arène sont réunies pour des représentations théâtrales ainsi que des spectacles de combats et de chasses. D'abord bâti en bois il est remplacé progressivement par une construction en dur. Comme pour la muraille du quatrième siècle, le mur est constitué de rangs de pierres et de briques alternés. Le théâtre romain possède un mur de scène figurant souvent une façade de palais, ce sont ces parements qui ont été retrouvés ailleurs.

Lieu de distraction, le théâtre permet à la plèbe et aux notables de s'y côtoyer. Il est ainsi un outil de socialisation contrairement à nos nouvelles arènes avec leurs loges au-dessus des gradins du peuple. Mais oublions ces comparaisons d’un autre temps pour replonger dans notre antique théâtre disparu.

Rapidement, le théâtre devient une carrière de pierres. Moins de deux siècles plus tard, elles alimentent les constructions voisines, preuve que grandeur et décadence ne sont jamais éloignées. Gageons qu’il n’en ira pas différemment pour ce monstre de béton et de verre que nous érigent nos nouveaux princes. Un millénaire plus tard, l’endroit retourne aux véritables valeurs puisqu’une vigne y est cultivée après que les pierres encore restantes furent enlevées pour d’autres usages. Le tout fut remblayé pour planter les ceps et faire ainsi du vin véritablement sang d’une terre qui aura connu certaines turpitudes. Aujourd’hui il n’est plus qu’une lointaine référence pour ceux qui lisent encore les plaques de rue.

On peut imaginer ce que deviendra l’Aréna quand le sport et les manifestations à grand spectacle se seront dissouts dans la déliquescence de notre société en perdition. D’ici là, nous ne serons plus que poussière, nous aussi. Il n’y aura plus ni pain ni jeu qu’importe la forme adoptée pour donner au bon peuple sa dose d’anesthésiant.

Architecturalement leur. 


mercredi 26 août 2020

Une mémoire trop encombrante.

Gaston le flibustier

 




    Gaston, encore jeune homme, était de ces mariniers qui, un soir de beuverie, avait croisé des recruteurs de la Royale. Quelques chopines plus tard, il avait signé ce que beaucoup de ses camarades plus vieux et forcément raisonnables, pensaient être son arrêt de mort. Nous étions en 1778 au moment où la France venait ouvertement d'entrer en guerre contre nos meilleurs ennemis, les Anglais, pour aller prêter main-forte aux insurgés américains.

    A peine le temps de se dégriser que Gaston avait déjà quitté sa Loire et ses bateaux pour embarquer à bord du vaisseau : « Le Palmier », gouverné d'une main de fer par le baron d'Arros. Ce fut un Ardéchois, le capitaine André Amblard qui remarqua le garçon pour son adresse à manier les bouts et son agilité de singe. Il faut avouer que Gaston, quoique minot sur la rivière, avait déjà acquis une grosse réputation de gabier expert.

    Le Capitaine Amblard savait reconnaître les hommes de valeurs et se moquait de leurs origines. Lui qui avait également franchi tous les échelons de la hiérarchie, voyait en ce Ligérien intrépide, un soldat qui allait suivre son parcours. S'il se trompa sur l'envie de Gaston de faire une carrière militaire, il n'eut pas à regretter la confiance qu'il avait placée  en lui.

    Après trois  années de haute mer, de batailles et de blocus, la bataille décisive allait mettre en pleine lumière Gaston et André. En ce début de septembre de l'an de grâce 1781, François Joseph Paul de Grasse était à la tête d'une armada de vingt-quatre vaisseaux accompagnés de corvettes et de frégates. Face à eux, le redoutable amiral Thomas Graves.



    Le choc eut lieu le 5 septembre et, de cette bataille furieuse, André fit un morceau de bravoure, rédigeant ces cahiers de guerre rassemblés dans « es mémoires d'un Capitaine ». Gaston quant à lui en serait  marqué toute sa vie ; au milieu de cette bataille gigantesque, perché dans le grand hunier, notre gars se bouchait en vain les oreilles pour atténuer les gueulements épouvantables des soixante-quatorze canons de son navire.

    Gaston et André furent des héros anonymes de l'une des trop rares victoires françaises sur la  Royal Navy ; avoir participé à la bataille de Chesapeake, était leur grand  titre de gloire. Heureux de rentrer entier au terme de cet épisode qui avait laissé deux cent trente de ses compagnons au fond, Gaston, après ses cinq années d'engagement, ne songeait plus qu'à retrouver sa Loire et la tranquillité de ses chalands .

    A son retour, auréolé de cet exploit, il n'eut de cesse de raconter et d'enjoliver sans cesse, ce fait d'armes qui avait décidé de la victoire des insurgés en 1783. Bien vite pourtant ses collègues, les oreilles saturées par cette aventure exotique : cette bataille navale qui tournait en boucle dans la bouche du héros, le boudèrent et le tinrent quelque peu à l'écart.

    Le pire pourtant pour lui furent les revers qu'il essuya du côté des jupons. Lui qui savait la gent féminine sensible au prestige de la guerre et de l'uniforme, s'imaginait  charmer les demoiselles par son récit sanglant et haletant. Résultat catastrophique : le grand guerrier se retrouvait à chaque fois le bec dans l'eau, les petites s'empressant de tourner les talons à son approche.




    Le pauvre Gaston sans rien comprendre à ces rebuffades qu'il prenait pour de la jalousie ou de l'indifférence de femmes fragiles, en rajoutait à chaque fois un peu plus dans la noirceur de sa bataille, s'imaginant plus que jamais séduire celles qui passaient à proximité de son bavardage belliqueux. Les dames s'envolaient aussi vite que les oiseaux au premier coup de canon.

    Le pauvre garçon devint aussi  malheureux que les pierres. C'est qu'il avait pris de l'âge à bourlinguer ainsi sur la mer océane et, tandis que beaucoup de ses compagnons avaient convolé, lui restait vieux gars et en éprouvait, au fil du temps, une grande amertume. Il s'enfonçait dans son récit, précisément celui qui le rendait insupportable à ceux et celles qui n'avait pas quitté la douceur de la Loire.

    Ainsi se morfondait notre pauvre Gaston. Quand trouverait-il une gentille petite femme qui ne relèverait pas ses jupons pour s'enfuir à son approche ? Cependant tout n'était pas perdu pour le cœur en détresse : une demoiselle, redoutant de coiffer bientôt Sainte Catherine, aurait bien trouvé à son goût ce diable de bavard s'il n'était pas flanqué de cette histoire à dormir debout. Prénommée Agnès, elle était donc destinée à épouser un Gaston.

    Agnès, un jour, se donna le courage de supporter, toute une soirée, le récit sans cesse répété du pauvre Gaston. Au terme d'une bataille qui n'en finissait pas de se gagner, le marinier lui avoua, enfin, une passion folle et la pria de revenir le voir le lendemain ; ce que fit Agnès qui avait bien de la patience.



    Gaston ne lui susurra que deux ou trois mots gentils avant de recommencer sa litanie navale. C'est alors que, sans lui permettre d'aller plus loin dans l'horreur des canonnades, Agnès en lui touchant délicatement le bras, déclara : « Mon cher Gaston, vous dites me trouver charmante et avoir un peu d'amour dans votre cœur pour moi. Je n'en crois rien. En réalité, c'est de ce guerrier, resté sur les navires de sa majesté, que vous êtes follement épris. Cessez de parler de votre guerre et vous découvrirez l'amour ! »

    Sans un regard pour le bavard, Agnès s'en alla. Gaston passa la soirée, seul, à ressasser cette incroyable réflexion. Amoureux du soldat qui persistait dans son souvenir, amoureux de ce passé glorieux qui le rendait aveugle à son présent de simple batelier ! Elle n'avait pas tort ; jamais personne ne lui avait tenu pareille parole de vérité.

    De ce jour, si sa mémoire resta indemne, sa langue n'évoqua plus jamais cet épisode qui lui avait mis toute la Loire à dos. Gaston, redevenu charmant compagnon, ne laissa pas son Agnès coiffer Sainte Catherine et fut pour elle le meilleur des maris. Ils passèrent bien des années ensemble, eurent des enfants et des petits-enfants.

    Agnès sur le tard cependant, demanda à Gaston de transmettre aux siens le souvenir de son passé lointain mais il n'en voulut jamais rien savoir. Il garda à jamais, dans la gibecière de sa mémoire, ce récit qui se perdit dans les sables de la Loire. Il en avait trop parlé à son retour et désormais, la Révolution puis l'Empire avaient appris aux gens raisonnables à se défier des aventures guerrières.



    Quand il mourut, au terme d'une belle vie de marinier et de bon mari, il emporta dans la tombe ce qui avait fini par être oublié de tous le long de la rivière. Il fallut qu'un Capitaine, quelque part en Ardèche, couchât sur le papier son récit picaresque, pour que je puisse ici vous restituer une part bien mince de l'aventure de cet incroyable flibustier de Loire.

    À trop parler, on finit par ne plus être écouté. Gaston, grâce à  Agnès, l'avait compris à temps. Il est possible que votre serviteur n'ait pas la sagesse de ce brave garçon. Je vais me taire pour que vous ne me tourniez point le dos. J'entends le canon qui tonne, je vois la mer qui se couvre de sang ; il est plus que temps que je ferme mon clapet …

    Belliqueusement vôtre.   


mardi 25 août 2020

Battre en retraite


L'universel a ses limites



Méfions-nous des agriculteurs
Ils possèdent tous de gros tracteurs
Flattons aussi les cheminots
Ils peuvent bloquer le métro
N’oublions pas les policiers
Ils assurent la tranquillité



L'universel a ses limites
La réforme mangée par les mites
Il faudra battre en retraite
Ne pas avouer notre défaite



Liquidons les fonctionnaires
N’ont plus l’heur de nous satisfaire
Comme tous les gens de la rue
Car pour eux c’est déjà fichu
Ainsi que ces malheureuses femmes
Que leurs grossesses condamnent


L'universel a ses limites
La réforme mangée par les mites
Il faudra battre en retraite
Ne pas avouer notre défaite


Favorisons nos braves soldats
Ainsi que nous bons avocats
Donnons un peu aux professeurs
Pour calmer quelques ardeurs
Pour les aiguilleurs du ciel
Accordons un différentiel 

 

L'universel a ses limites
La réforme mangée par les mites
Il faudra battre en retraite
Ne pas avouer notre défaite


Qu’importe alors tous les chômeurs
Ceux-là ne nous feront pas peur
Laissons aussi les commerçants
Ne peuvent bouder leurs clients
Ponctionnons les retraités
Leur sort en est déjà jeté


L'universel a ses limites
La réforme mangée par les mites
Il faudra battre en retraite
Ne pas avouer notre défaite


Exemptons tous nos ministres
Les punir serait trop triste
Ni contrarier les députés
Leur vote finirait par manquer
Ni déranger les sénateurs
Sont parfois de mauvaise humeur


L'universel a ses limites
La réforme mangée par les mites
Il faudra battre en retraite
Ne pas avouer notre défaite


Sans pitié pour les ouvriers
Ceux-là peuvent être sacrifiés
Pas de quartiers pour les soignants
S’occuperont toujours des gens
Oublions les intérimaires
Ils sont déjà dans la galère


L'universel a ses limites
La réforme mangée par les mites
Il faudra battre en retraite
Ne pas avouer notre défaite


La réforme n’a point de limites
Faisons bouillir la marmite
Sans avouer notre défaite
Supprimons cette Retraite


lundi 24 août 2020

Une belle prise de bec


Un stratagème ingénieux



Un vieil héron perdant sa santé
Trouva stratagème ingénieux
Pour déjeuner à satiété 

 

Il interpella tous les poissons
Usant d’un ton des plus mielleux
« Grand péril est en votre maison !»



Les malheureux de s’interroger
Les regards tournés vers les cieux
« Mais que peut-il bien nous arriver ? » 

 

« Le ruisseau demain sera à sec
Je redoute de vous dire adieu
Venez vous réfugier dans mon bec ! »



L’invitation quoique surprenante
Proposait un moyen astucieux
D’éviter la mort imminente



Le bel oiseau se portait garant
Son propos étant des plus sérieux
De les déposer dans un étang



Les poissons ce n’était guère malin
Avalant ce piège spécieux
Dans le bec scellèrent leur destin



Héron d’une becquée rassasié
Goûta ce procédé malicieux
Qui lui épargna de trop pêcher



Ici comme au pays des songes
Pour cet échassier facétieux
La faim justifie le mensonge



Méfiez-vous toujours des beaux parleurs
Le verbe haut et sentencieux
Bien souvent ils veulent votre malheur




dimanche 23 août 2020

Perrette et les potelets


Sournoise perversion.




Ils ont poussé comme des champignons quoiqu’ils aient préféré les grandes villes aux vastes étendues champêtres. C’est sans doute pour ça qu’ils dressent fièrement leur gland au bout d’un pied qui n’en finit pas de s’ériger comme menace lourde et fracassante pour qui s’aventure sur un trottoir en ayant la tête en l’air. Turgescence hautaine, le potelet ne s’encombre pas de pudeur quand il arbore son extrémité tout de blanc peinte.

Nouvelle marque de la modernité, il a suppléé le rond point dans l’esprit dépensier de nos chers élus municipaux, toujours prompts à imiter la commune voisine dès qu’il s’agit de jeter l’argent public par les fenêtres. C’est ainsi qu’un trottoir qui se respecte a besoin de sa forêt d’obstacles métalliques, pour briser quelques gentes (jantes pareillement) , froisser des ailes et entraver la libre circulation du piéton.

Faute d’être en mesure d’obtenir le respect des interdictions, l’aménageur public se plaît désormais à faire de l’espace commun, un parcours sportif semé de chausse-trappes, obstacles divers, couchés, dressés, débordants ou bien saillants. Mettre en péril son prochain est devenu le sport national des aménageurs urbains pour le plus grand profit des marchands, des carrossiers et des hôpitaux. Chapeau bas messieurs du génie civil, vous avez fait preuve d’un sens esthétique merveilleux et d’un à propos sans pareil.



Malheur à qui penserait qu’il y a là quelques collusions sournoises, menus pots de vins ou autres arrangements de fripouilles. Il ne faut pas voir le mal partout et l’explosion des ventes de nos potelets n’est sans doute que le fruit du hasard et de l’esprit grégaire de ceux qui votent les budgets d’aménagement. Pourtant, la chose a de quoi interroger tant cela frise le ridicule et la frénésie de pose.

Nos trottoirs ont le poil hérissé de la chose. Il se dit qu’à Paris il y en a près de 500 000. Vous pouvez imaginer aisément le commerce juteux que cela représente. Apparus en 1990, les poteaux métalliques se prétendent à mémoire de forme. Depuis les années 2000, ils n’ont certes pas la mémoire vacillante, ils fleurissent partout, dans toutes les communes de France qui se prennent pour des champignonnières à ciel ouvert.

Perrette quant à elle se frotte les mains et sans doute autre chose. Elle aime à couvrir non seulement du regard mais aussi d’une partie intime de sa personne chaque potelet qu’elle croise, espérant vainement qu’il la féconde, elle qui se voit encore refuser pour quelque temps la procréation métalliquement assistée. Elle s’est lancée la coquine dans un tour de France qui la met en transe, lui demande une énergie folle et parfois quelques contorsions osées.



Les potelets varient à l’infini hauteur et diamètre, couleur et forme. Perrette se plie à tous les caprices des constructeurs pour assouvir le sien. La dame paie de sa personne afin de bénir chaque nouveau poteau installé dans notre beau pays. Elle souhaite ainsi leur donner leurs lettres de noblesse, les faire entrer dans la postérité. Il est vrai qu’elle maîtrise assez mal sa morphologie.

Les villes dépensent des fortunes pour ce mobilier urbain aussi désagréable qu’inutile. De telles sommes peuvent nous paraître scandaleuses. En laissant Perrette engloutir à sa manière l’objet du délit nous aurons au moins la satisfaction de la savoir en joie tout en défendant une revendication honorable. Nous devons l’encourager à poursuivre dans sa rude tâche, la soutenir dans sa croisade contre la sottise de nos représentants.

Ceux qui n’ont pas le sens de la faribole, au lieu de s’étrangler à la lecture de cette farce, feraient mieux de botter l’arrière train, non de Perrette qui ne fait de mal à personne mais de ces gredins qui nous prennent pour des vaches à lait. L’aventure des potelets n’est que la énième version de gabegie qui prévaut dans la gestion de la nation. Sus à la concussion et gloire au beau con de Perrette !

Potelettement leur


samedi 22 août 2020

Retour sur les vacances


Les vacances




Vertes, blanches ou bleues, les vacances doivent-elles nous en faire voir de toutes les couleurs ?
Pourquoi les vacances actives sont-elles à mettre au passif de la civilisation urbaine ?
Quand on me donne mon congé, suis-je alors en vacances ?
Les vacances sont-elles la vacance du travail ?
Si le travail c'est la santé, que sont alors les vacances ?
Prendre un congé payé, est-ce un acte gratuit ?
S'il y a une économie des vacances, pourquoi doit-on faire des économies pour en prendre ?
Ne rien faire est-il un droit du travail ?
Quand un retraité peut-il prendre des vacances ?
La retraite est-elle un congé sans issue ? 



Pourquoi l'avion est-il devenu un signe extérieur de vacances ?
Les vacances à l'amer garantissent-elle des pluies acides ?
Quand un aoûtien peut-il rencontrer une juillétiste ?
Faut-il toujours commencer ses vacances par un bouchon ?
Est-ce que Bison futé prend des vacances ?



Si les vacances sont une évasion, que dire du reste de l'année ?
Pourquoi les vacances diminuent-elles quand on grandit ?
Il y a-t-il quatre saisons pour les vacances ?
Dans quelle catégorie ranger les vacances divers ?
Pourquoi faut-il toujours refermer la parenthèse estivale ?



Faut-il nécessairement prendre un pont pour se rendre en vacances ?
Où commence la route des vacances ?
Pourquoi les vacances d'hiver se mesurent-elle en centimètres quand celles d'été sont en degrés ?
Comment désorganiser un voyage organisé ?
Que font les gens qui se trouvent à la périphérie d'un Centre de vacances ?



Pourquoi faut-il agencer son voyage pour se sentir bien dans ses vacances ?
Un guide est-il nécessaire pour se retrouver dans toutes les offres de voyages ?
Peut-on laisser reposer une bouteille sans congé ?
Celui qui manque d'énergie doit-il prendre un week-end à rallonge ?
La réduction du temps de travail est-elle un accroissement du temps de vacances ?



Quand on pose ses vacances, qui est ce qui les ramasse ?
Peut-on bénéficier d'une offre promotionnelle pour un congé sans solde ?
Qui pourrait écrire un petit air pour célébrer les vacances au grand air ?
Si les vacances sont un temps suspendu, où faut-il les accrocher ?
Il y a-t-il des vacances mal méritées ?



Est-ce que construire une maison de vacances est encore un travail ?
Peut-on camper sur ses positions quand on est en vacances ?
Les gens de voyage sont-ils des éternels vacanciers ?
Est-il raisonnable de partir dans le désert en caravane ?
Peut-on se moquer du camping-car comme du reste ?



Peut-on louer ses vacances ?
Les photographies sont-elles un cliché quand on évoque les vacances ?
Celui qui passe ses vacances les yeux rivés à son caméscope, en profitera-t-il un jour ?
Peut-on filmer ses vacances quand on n'en choisit pas la distribution ?
Ne rien faire est-il la meilleure façon de profiter de ses vacances ?

Farnientement vôtre. 


Les « tailleux de douzils »

  Les « tailleux de douzils » Notre Vardiaux, beau et fier bateau Oh grand jamais ne transportait de l'eau Rien qu...