Le
chapeau de pluie !
J'ai
eu le plaisir de découvrir, lors d'un échange épistolaire, ce
délicat vocable pour désigner un objet, ô combien nécessaire, à
qui souhaite conserver sa santé durant quelques frasques libertines.
Bien que l'Eglise ait mis la chose à l'index, prouvant si besoin
était son ignorance en la matière, il convient d'examiner plus
attentivement les façons de désigner le plaisant film protecteur.
Le
chapeau de pluie fleure bon les amours champêtres, les embruns et
les moiteurs intimes. J'aime son côté imagé même si la pluie
relève plutôt de la soudaine averse. L'image est souriante et me
pousse à me pénétrer davantage encore de son univers pour pousser
plus loin encore la métaphore. Accordons-nous quelque liberté avec
la bonne conscience sans craindre les foudres des puritains.
Enfiler
une cape à son épée relève ainsi de l'aventure picaresque, du
roman à la Dumas, de la geste épique. Nous ne saurions que
conseiller cette désignation aux fines lames tout en repoussant les
ignobles pointeurs qui, goujatement, ne se soucient guère de mettre
des gants pour dérober par la force ce qu'ils sont incapables
d'obtenir par la séduction.
Pour
en finir avec le registre des Mousquetaires, que ce soit pour un joli
duo ou bien une partie carrée, mettre une botte de Nevers serait du
meilleur effet pour les amateurs de jeux de mots douteux. Nous
pouvons comprendre que le graveleux affleure toujours lorsqu'il est
question d'un domaine où les mots ne sont pas toujours aussi doux
que nous le souhaiterions.
Pour
revenir aux précipitations célestes, le parapluie de l'amour serait
d'un usage délicat à condition que nulle baleine et qu'aucun
cachalot ne viennent s'immiscer dans le propos. Nous profiterions
alors d'un petit coin de paradis à l'ombre de ce parapluie qui
pourrait bien devenir une ombrelle avec une jeune fille en fleurs.
Les
moins poètes aiment à se vautrer dans le vulgaire. Filmer la
saucisse serait pour le coup une image assez fidèle pour tous les
hommes qui aiment à se comporter comme des cochons, nonobstant des
pratiques cultuelles qui ne les incitent pas tous à se conduire
ainsi. La métaphore charcutière est bien grasse et ne mérite pas
qu'on s'y attarde. Le risque est grand, une fois encore, que ce soit
la dame qui en fasse ensuite les frais.
Habiller
la poupée pourrait convenir, d'autant qu'implicitement cette
expression confierait à la dame le soin de réaliser ce que son
partenaire à bien du mal à consentir. Elle retrouverai alors les
petits plaisirs de son enfance tout en abordant un monde de désir et
de volupté qui en est fort éloigné. Je reconnais que les adeptes
des rapports homosexuels trouveront à redire à ce passage qui fait
fi de la théorie du genre. Je les prie de m'en excuser.
Peindre
la girafe serait du meilleur effet si monsieur est prétentieux et si
le partenaire aime à explorer parfums et nuances colorées. C'est
d'ailleurs une formule idoine pour qui aime à monter aux arbres ou
en voir de toutes les couleurs. Le plastique c'est fantastique :
il permet d'égayer la chose quand les partenaires manquent
cruellement d'imagination pour une relation qui déteste le rituel et
la routine.
Se
glisser dans la combinaison évoque inévitablement une immersion en
eaux profondes. La petite réserve d'oxygène, placé à la tête de
l'objet, devenant alors indispensable pour les rois de l'apnée. Je
laisse à chacun le loisir de définir ses performances en la
matière ; je ne suis pas spécialiste de la chose et ne demande
qu'à apprendre malgré mon grand âge.
Mais
à bien y regarder d'un peu plus près, pour conquérir le septième
ciel, le chapeau de pluie me semble indubitablement être le terme le
plus élégant qui soit. Si l'espace d'un bref instant, ce chapeau
bouche l'horizon, ensuite , il n'en révèle pas moins tous les
mystères et les bonheurs de délicats moments qu'il n'appartient pas
d'effleurer ici.
Laissons
donc les mots se glisser dans leur étui ; chacun est libre de
sa langue et de sa bouche pour de merveilleuses étreintes. La
protection, quoique passée de mode, mérite bien qu'on lui accorde
un billet pour rappeler la prudence qui demeure de mise. Le
libertinage n'est pas qu'effeuillage. Il convient de couvrir celui
qui se lance dans de mystérieuses et exaltantes explorations. C'est
le seul conseil pour ce billet sans queue ni tête qui risque de
capoter je le crains.
Protectionnement
vôtre.
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